Prix de l’économie sociale : le modèle coopératif a la cote !

C’est le 18 décembre que le jury délibérait en séance plénière, sur base d’une shortlist dressée par un pré-jury d’experts du secteur à partir des 21 candidatures reçues et éligibles à cette édition 2019. Comme de coutume, les prix ont été attribués à des entreprises bruxelloises et wallonnes en catégorie Junior (moins de 3 ans d’existence) et Senior, sur base d’un dossier de candidature étayant divers pans (indicateurs économiques, sociaux, et de gouvernance) de l’entreprise. Chaque lauréat reçoit 2500€.

En Région bruxelloise, la jeune coopérative des métiers de la beauté RCOOP l’emporte en catégorie ‘Junior’. Créée en 2018, celle-ci apporte une réponse à la problématique du travail non déclaré dans le quartier de Matongé. Elle permet en effet aux coiffeuses et coiffeurs professant hors cadre de légaliser leur activité. Coopérative d’emploi, elle accompagne des entrepreneurs en coiffure, esthétique, soins et services à la personne, dans le développement de leur activité. Elle leur propose également un suivi administratif, des formations, ainsi qu’un salon de coiffure partagé. Le secteur dans lequel elle ancre son cœur de métier l’amène à soutenir l’émergence d’un entrepreneuriat à dominante féminine, répondant là à un enjeu d’autonomisation. RCOOP héberge à ce jour 14 entrepreneur-es et mobilise un important réseau de partenaires, tant publics que d’économie sociale.

D’une coopérative d’emploi à l’autre, il n’y a qu’un pas et c’est du côté de la campagne namuroise qu’il faut trouver le lauréat ‘Wallonie Junior’ : les Jardins d’Arthey. Située dans un superbe domaine boisé, l’entreprise créée en 2016 par 7 jeunes femmes a depuis lors fait évoluer son cœur de métier. Si le lieu reste propice à l’accueil champêtre et au développement de projets en agroécologie, il est également devenu une pépinière de projets proposant des services mutualisés pour entrepreneurs, à ‘l’instar du groupe DiES. Particularité des Jardins d’Arthey : les activités hébergées doivent s’inscrire dans une démarche de transition écologique. C’est ainsi qu’on y trouve actuellement une bergerie-fromagerie, une boulangerie, un maraîcher, des activités de formation ainsi que des chambres d’hôte, et l’organisation annuelle du Festival des Plantes Comestibles. La coopérative vise à moyen terme l’accueil de 20 entrepreneurs.

Il faut d’ailleurs croire que la mojo coopératif se situait en Province de Namur, Paysans-Artisans étant récompensé en catégorie ‘Wallonie Senior’. Acteur phare du développement du circuit court alimentaire en terre wallonne, cette coopérative rassemble producteurs et consommateurs réunis dans un même but : mieux manger et proposer une alternative soutenable et rémunératrice à l’agriculture industrielle. Elle commercialise ainsi des produits fournis par 100 agriculteurs et artisans-transformateurs, et participe grandement à la consolidation de la filière alimentaire via – entre autres – son implication dans le collectif 5C (Collectif des Coopératives Citoyennes pour le Circuit Court). Faire mouvement, c’est aussi une autre mission importante que se donne Paysans-Artisans, et qu’elle réalise à travers son Université populaire ou encore la participation au magazine TCHAK !, la revue paysanne et citoyenne qui tranche. Partenaire média de cette 26e édition du Prix, la Libre s’était d’ailleurs sentie bien inspirée en décembre dernier, la mettant prématurément à l’honneur.

La transition alimentaire est un des challenges relevés par l’Atelier Groot Eiland, une entreprise bruxelloise fondée il y a 33 ans et dont le siège social est situé à Molenbeek, à proximité du canal. Active dans l’insertion socioprofessionnelle, cette asbl – reconnue comme initiative locale de développement de l’emploi – forme des chômeurs de longue durée et peu scolarisés. Si elle réalise historiquement cet objet social dans les domaines de l’horeca et de la menuiserie, elle a également emboîté en 2015 le pas de la stratégie Good Food Brussels et de l’économie circulaire. Cette évolution se concrétise par des activités de maraîchage, une épicerie 100% bio et locale, ainsi que la production de bois en mobilier recyclé. Ancrée dans un quartier fortement défavorisé de Bruxelles, le lauréat du prix Bruxelles Senior entend jouer un rôle de régénération urbaine.

Molenbeek et Verviers : deux villes qui ont connu leur lot de triste publicité et qui démontrent ici qu’elles sont pourtant porteuses d’espoir et de dynamique entrepreneuriale positive. Magasin participatif et collaboratif verviétois, Vervîcoop constitue une alternative concrète à la grande distribution et remporte le prix coentreprendre proposé par la Sowecom. Celui-ci met en lumière une coopérative citoyenne où la dimension collective, une gouvernance horizontale et partagée priment. Et c’est peu de le dire puisque Vervîcoop rassemble pas moins de 400 coopérateurs qui organisent la vente de denrées alimentaires et non-alimentaires – de quoi combler 90% des besoins quotidiens du ménage – et participent bénévolement à hauteur de 3 heures mensuelles à la vie du magasin. Issu de l’exemple Park Slope Food Coop, ce type d’organisation par et pour les membres se propage à Bruxelles et en Wallonie, portant les noms de Beescoop, Coopéco, Oufticoop, Woocoop, etc. Ce modèle particulier est mis pour la 1ère fois à l’honneur dans le cadre de ce Prix de l’Economie sociale.

Enfin, le prix ‘recherche’, récompensant un mémoire, a été octroyé par un jury universitaire à Maxime Mathieu (ULB Solvay) pour son travail ‘La durabilité du modèle d’autogestion au sein des occupations temporaires’, par ailleurs disponible en ligne.

L’économie sociale ne manque décidément pas de belles entreprises, réinventant la roue au service du bien commun. Félicitations à toutes et tous !

Rédaction : Grégory Dubois – Step Entreprendre