Tchak ! sortait en décembre dernier son 4e numéro, avec un focus sur l’analyse du marché du bio. L’alimentation : un domaine d’activité des plus complexes qui demande à être traité en profondeur. D’enquêtes en décryptages, Tchak ! en a fait son champ de bataille trimestriel, mû par la nécessité de dénoncer les dérives de l’industrie agro-alimentaire, mais aussi de mettre en avant les réussites de celles et ceux qui font bouger les choses. « La revue est né d’un constat : celui qu’il y a un élan positif sur le terrain d’une part, des enjeux de compréhension du système d’autre part, et qu’il est important de créer un média consacré entièrement à ces questions », commente Yves Raisiere, ancien journaliste des Editions de l’Avenir à la tête de ce projet rédactionnel porté par la Coopérative d’édition pour l’agriculture et l’alimentation autrement.
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Derrière celle-ci, une multitude de partenaires : organisations paysannes, coopératives de distribution en circuit court, fédérations d’éleveurs et d’agriculteurs, ONG de coopération au développement, centres de recherches, agences conseil en économie sociale, acteurs de la lutte contre la pauvreté…. des partenaires que l’on retrouve pour certains au comité de rédaction, fait rare. « La réelle innovation de la revue est sans doute celle-là : associer autant de parties prenantes d’horizons divers, et les impliquer dans le projet éditorial. Ici, les choix ne sont pas l’apanage des journalistes mais le fruit d’une concertation et d’échanges entre différents observateurs. Cela crée une culture unique, une réelle plus-value au projet ».
Raconter de belles histoires, décrypter, enquêter et mettre à jour les pernicieux mécanismes d’un rouleau-compresseur qui écrase tout sur son passage : Tchak ! veut bousculer les consciences et s’autorise à questionner celles et ceux qui s’engagent à ses côtés. En témoigne un récent article relayant le point de vue des producteurs sur le fonctionnement du magasin coopératif BEES Coop. « Comme tout organe de presse qui se respecte, nous agissons en toute indépendance. Nous donnons écho au terrain en multipliant les angles d’approche. Dans le cas présent, l’article a permis de mettre un perspective une réalité, et d’engager un débat sur cette question de la rémunération des producteurs face à un modèle précis de distribution alternative ». Résolument mordante, la presse libre.
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Un bilan positif
Après une année d’existence, la revue tire un bilan plus que satisfaisant : 8000 numéros vendus, 620 coopérateurs et environ 800 abonnés. « Nous ne recevons que de bons retours sur notre travail et la qualité de traitement de l’information. Nous sommes un brin en deçà de l’objectif de capitalisation citoyenne mais nous pouvons néanmoins être contents au vu des circonstances ». Si le volet journalistique est lui bien rempli, la coopérative a dû néanmoins – covid oblige – remiser un pan important du projet : son volet « animation ». « C’est une de nos lignes de mire pour 2021 : pouvoir enfin rassembler lors de soirées thématiques et partager, échanger, créer du débat autour de ces sujets qui nous concernent toutes et tous ».Engagé mais non militant, Tchak ! malaxe, avale et régurgite des réalités souvent protéiformes. « J’ai été marqué cette année par un sujet en particulier : une enquête sur les pesticides. Nous avons rencontré plus de 50 personnes et tiré ce constat : il est bien difficile pour l’agriculteur en conventionnel de sortir de cette logique phytosanitaire. Il est souvent très seul, face à lui-même et aux lobbys, peu soutenu. Le Plan wallon de réduction des pesticides est d’ailleurs à l’arrêt, ce qui en dit long… ». Et pour changer de modèle, il sera pourtant bien nécessaire que la machine étatique suive et mette d’autres cadres en place.
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La question des normes est évidemment primordiale. On le constate bien lorsqu’on se plonge dans les grilles de l’AFSCA, taillées jusqu’à présent pour l’échelle macro.
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Replacer les choses dans leur historicité, un exercice que Tchak ! se plaît à réaliser, elle pour qui la compréhension du passé revêt une importance certaine : celle de nous permettre de savoir vers où aller.
Pour un canard de qualité ? A coup sûr dans toute bonne librairie.
En savoir plus : tchak.be
Première photo de la galerie ci-dessous : le rédac’ chef entouré de l’équipe administrative et de gestion.