Si elle était un maillot distinctif de la Grande boucle, Urbike serait sans aucun doute le vert, celui du meilleur sprinter. C’est qu’elle en a fait rapidement du chemin, elle qui deux ans et demi après sa création vient de se voir récompenser de la tunique d’entreprise d’économie sociale 2020 pour Bruxelles. « C’est vraiment une grande reconnaissance pour nous, un boost pour avancer plus vite sur certaines questions, dont l’intégration des travailleurs dans la gouvernance de l’entreprise », nous confie Renaud, l’un des 3 entrepreneurs à l’origine de ce projet qui a émergé d’une rencontre au Citylab, un laboratoire de logistique urbaine. « Philippe, Delphine et moi y travaillions depuis un an lorsque nous avons fait le constat qu’il manquait un acteur ambitieux proposant une alternative au transport en camionnette pour le ‘dernier kilomètre’. On est donc passé de la recherche et développement à l’action, ayant l’occasion de répondre à l’appel à projets Innoviris de la Région bruxelloise ». Fin 2017, Urbike est en route vers sa création, avec l’aide de Smart qui voit toute la pertinence d’incuber cette entreprise porteuse de sens.
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Quelques mois plus tard, le projet BCLKET, développé avec un consortium de partenaires, voit effectivement le jour. Son objectif : tester un modèle de distribution par containerisation à vélo à Bruxelles, tout en réfléchissant à la problématique du statut social du travailleur dans un secteur où celui-ci est pour le moins malmené. « D’un point de vue opérationnel, ce projet nous a permis de développer nos solutions techniques de vélo-cargo, tout en les confrontant à la réalité de 4 grands acteurs : bpost, CSD, Delhaize et Multipharma. Les résultats des ces collaborations-pilotes sont très encourageants, avec une réelle valeur ajoutée pour ce qui est des zones de livraison difficiles, et du stress associé pour les coursiers ». Autres constats tirés : un acteur de l’échelle d’Urbike peut satisfaire à des standards de qualité importants, comme ceux requis dans le secteur de la santé, et de nouveaux segments de clientèle sont identifiés comme porteurs, tels que les maisons de repos.
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Au vu de la congestion urbaine et de ses impacts environnementaux et psychosociaux, transformer la mobilité des marchandises en centre-ville est un must. Chaque année à Bruxelles, 20 millions de flux s’opèrent, soit 10% du traffic mais 30% des émissions liées à l’utilisation de véhicules.
A ces chiffres, Urbike répond par une 1e année et demie d’activité encourageante : 200 tonnes de marchandises véhiculées, 25.000 livraisons, 60.000 km parcourus avec sa solution particulière qui permet de transporter tant des euro palettes que des petits containers d’1,5 m3 (charge maximale de 200 kg). « Avec cette innovation technologique, nous pouvons accompagner tous les acteurs, qu’ils soient grands ou petits, dans la transformation de leurs flux logistiques, et cette nécessité n’a pas été démentie par la crise du covid-19, que du contraire ».
Si sa clientèle B2B ferme boutique, Urbike rencontre en mars-avril un vif intérêt de nouveaux acteurs pour ce moyen de distribution qui contribuera lui aussi directement à la lutte contre le virus, notamment par le transport de masques. « On a aussi pu constater une forte prise de conscience de nos clients de la nécessité d’être résilient, transparent et bienveillant, également dans les secteurs dominés par de grandes enseignes. Il y a donc malgré tout du positif qui en ressort. Il en va de même de l’évolution de l’infrastructure cyclable bruxelloise, qui ne cesse de gagner en cohérence et continuité ».
Récupérer de l’espace public, tant physique que moral, une mission que se donne la coopérative en essaimant les valeurs de l’économie sociale autour d’elle.
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La question de la participation est vraiment prioritaire pour nous. Nous y avons travaillé avec l’Université Saint-Louis et la VUB et poursuivons cette réflexion avec Febecoop. Notre modèle économique ne nous permet pas actuellement de salarier l’essentiel de nos coursiers, qui trouvent néanmoins en Smart une solution flexible qui assure une protection sociale, mais nous espérons dans un avenir proche pouvoir garantir suffisamment de volume d’activité pour y arriver.
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Livraison, consultance, vente de matériel : Urbike a mis plusieurs cordes à son arc afin de se donner les moyens de ses ambitions. Et ce ne sont pas les projets qui manquent : participation active à la BCLF (Belgian Cycle Logistics Federation), à des projets wallons et bruxellois portant sur des questions de mutualisation entre acteurs ou d’adaptation des chaînes logistiques, au développement de la plateforme locale de vente en ligne « Ma Zone ».
A un tournant de notre société, Urbike est bien décidé à prendre la bonne échappée, accompagnée de ses quelques 260 coopérateurs et autres partenaires pour qui la part modale cyclo-logistique est – si pas la ligne d’arrivée – une des routes à suivre vers une économie raisonnée et génératrice de bien-être.
En savoir plus : https://urbike.be/
Rédaction : Grégory Dubois – www.stepentreprendre.be