C’est il y a 30 ans que l’aventure débute, lorsque le prêtre André Wenkin y fonde dans un village voisin (Ansart) les bases associatives de cette asbl qui ne prendra forme et nom actuels que début 2020. C’est que la Halle de Han a une histoire peu commune, joignant la dactylographie à… l’agriculture locale. « L’idée de départ d’André Wenkin était de rassembler des gens autour d’un projet d’insertion socioprofessionnelle. Il lance alors une filière de formation, visant à briser la solitude tout en ouvrant des débouchés à ses bénéficiaires. Cette filière a existé dans notre CISP jusqu’en 2017, sous la forme de PAO (publication assistée par ordinateur) et d’informatique » explique Isabelle Houtart, directrice actuelle de la Halle. Parallèlement se crée un groupe d’achat commun destiné à soutenir les agriculteurs de la région, prémisses au marché fermier lancé quelques années plus tard. « Le GAC réunira jusqu’à 100 familles. On peut dire à cet égard que c’était un précurseur. Sa devise était : ‘manger saison, manger région, manger raison’… et on lui riait alors souvent au nez ». Des paroles dont le bon sens ne fait pourtant que plus écho aujourd’hui, vous en conviendrez.
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Si ces deux activités se développent en parallèle, la Halle de Han ne trouve refuge qu’en 2010 dans ce lieu éponyme, financé par la commune et la Région wallonne via le Programme Communal de Développement Rural. Réunissant il y a peu OISP et EFT au sein d’une même asbl organisant son Centre d’Insertion Socio-Professionnelle, la Halle propose 3 filières de formation – commis de cuisine, techniques de vente, orientation professionnelle – tout en développant toute une série d’autres activités.
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Nous sommes un réel espace ouvert, de rencontres et de services. Ceux-ci passent par l’organisation du marché couvert hebdomadaire chaque vendredi, l’animation d’un espace public numérique fréquenté essentiellement par des aînés, ou encore notre studio graphique pour tous travaux de mise en page, print et web .
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Lieu de mixité sociale, la Halle de Han forme chaque année 120 stagiaires et réunit différents publics, bien entendu marqués eux aussi par la crise. « Les spécificités du territoire font que la mobilité n’est pas des plus simples pour celles et ceux qui n’ont pas de véhicule. Nous avons aussi perdu pas mal de stagiaires en cours de route, confrontés à des difficultés familiales. Comme dans les grandes villes, on peut ressentir ici un inquiétant phénomène de précarisation, accentué par le contexte actuel ». Ajoutez à cela une baisse des recettes de l’activité horeca – malgré un service traiteur prenant en charge les repas des… moines et résidents de l’Abbaye d’Orval – et vous comprendrez que le tableau n’est guère réjouissant pour cette entreprise qui s’évertue à contrer la morosité ambiante. « Nous travaillons depuis de nombreuses années avec Oxfam et réfléchissons à proposer des boîtes ‘petit-déjeuner’, quitte à perdre la convivialité de leurs traditionnels rendez-vous matinaux ». Le covid, ou de la nécessité de s’adapter…
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Qu’à cela ne tienne, la Halle de Han continue à regarder vers l’avant, entre promotion du commerce équitable, réflexion zéro déchet, et partenariats divers. C’est que son écosystème est large et varié, entre acteurs sociaux, pédagogiques ou encore culturels. « Un projet d’habitats légers devrait par exemple voir le jour sur un terrain communal jouxtant la Halle. Nous souhaitons être de la partie. Quelle que soit la nature des partenariats sollicités, nous voulons continuer à être cet outil magique de rencontre qui constitue notre ADN, et œuvrer à cette société plus ouverte que nous lorgnons toutes et tous ».
Un mot de la fin que n’aurait pas renié l’abbé André, parti en janvier de cette année, laissant un bien bel héritage à ce village logé au cœur de la Gaume.
Plus d’infos : http://www.halledehan.be/
Rédaction : Grégory Dubois – Step Entreprendre