Le bonhomme est plutôt frêle et respire l’humilité. Il est pourtant une sommité dans le monde académique, tant il aura œuvré à conceptualiser et faire avancer l’économie sociale. Retraité depuis 2 ans maintenant, Jacques Defourny contribuait encore récemment à la finalisation de 4 livres édités par le réseau EMES – réseau de recherche internationale sur l’émergence des entreprises sociales dont il est cofondateur – traitant de l’entrepreneuriat social en Asie, Europe de l’Est et de l’Ouest, Amérique latine. C’est que ce qu’il a nommé le 3e secteur de l’économie est son terrain d’exploration, un territoire traversé pendant près de 40 ans avec le bagage d’une vocation qui trouve ses racines tant dans le scoutisme que dans un terreau associatif remué à Sainte-Walburge, sur les hauteurs de Liège.
‘J’ai passé près de 35 ans chez les Scouts, une véritable école de la vie !’ nous explique-t-il d’entrée de jeu. ‘Sa dimension citoyenne, sa pédagogie de projets étaient autant d’éléments qui m’ont travaillé au corps dès mes plus jeunes années. C’est aussi là que j’ai rapidement été confronté aux inégalités Nord-Sud, lors d’un camp ‘tiers-monde’ à 17-18 ans. Dans le quartier de Sainte-Walburge, il y avait également une sensibilité particulière pour l’écologie, la lutte contre les discriminations. Nous étions des enfants de 68 (NDLR : Jacques est né en 1955) et cette lame de fond nous a pour beaucoup traversés. Chez moi, ces éléments ont scellé un intérêt pour un engagement qui visait tout simplement… la destruction pure et simple du capitalisme’.