En 25 ans d’existence, la Sowecsom, qu’il convient donc désormais d’appeler W.Alter, a soutenu quelque 302 entreprises, soit plus de 7 000 emplois directs concernés. Elle présente aujourd’hui 140 entreprises en portefeuille, et a engagé au total plus de 75 millions d’euros sous la forme de prêts ou d’apport de capital, avec une perte enregistrée de seulement 4 %.
En décembre dernier, nous vous détaillions les moyens débloqués par le Gouvernement wallon pour soutenir l’économie sociale, dont 3 millions d’euros sont destinés à W.Alter pour consolider son équipe et financer 30 projets supplémentaires via le levier Brasero. Ces éléments ont été rappelés par la Ministre de l’emploi Christie Morreale lors de la conférence de presse tenue pour l’occasion chez Paysans-Artisans, le 15 juin dernier.
Présentant l’économie sociale comme une des solutions à privilégier dans l’après-crise, la Vice-Présidente du Gouvernement wallon a également annoncé l’arrivée de nouveaux projets « ES » dans le cadre du plan de transition Get Up Wallonia. Une feuille de route fixant la stratégie 2020-2024 devrait être présentée à l’automne, avec une concentration sur six secteurs clés : l’alimentation, le logement, l’énergie renouvelable, la santé, la mobilité et la culture.
Une offre de financement affinée
Filiale de la SRIW, W.Alter (W pour Wallonie et Alter pour « autre économie ») bénéfice donc de moyens supplémentaires pour répondre à une demande accrue d’entrepreneurs en quête d’une autre économie wallonne. Cela étant, elle a redéfini son offre de financement et l’a élargie en s’adressant depuis peu aux projets coopératifs en phase de pré-création, comme nous vous l’expliquions ici-même en mars dernier. Il est dans un premier temps prévu de soutenir 25 projets à hauteur maximal de 25 000 euros. Les premiers projets bénéficiaires sont Humanum Gold, Mobius et Ecopoon, récemment présenté sur Transfo.
Pour les projets en phase de création, W.Alter continue de proposer du crédit ou un apport en fonds propres au capital de la coopérative. Grâce à l’effet de levier de l’outil Brasero, rappelons ici que chaque euro investi par les coopérateurs est doublé jusqu’à 200 000 €, voir 500 000 € pour les projets liés à la transition énergétique. 80 structures ont déjà bénéficié de Brasero, pour un total de quasi 10 millions d’euros.
Reste le financement des projets en phase de croissance, qui nécessitent des fonds supplémentaires pour investir dans un projet immobilier, développer leur réseau de distribution ou encore investir dans une nouvelle technologie. Cela a par exemple été le cas de Paysans-Artisans pour le développement de la Fabrique Circuit-Court, un nouveau pôle agro-alimentaire qui verra prochainement le jour à Suarlée.
Le modèle coopératif : source de résilience
Comme l’a souligné Flora Kokowski, il y a plusieurs facteurs qui expliquent en quoi les coopératives ont plus de chances de résister aux crises que les entreprises « classiques ». Tout d’abord, ces structures à finalité sociale sont ancrées dans l’économie réelle, à échelle locale, et reposent sur des activités non spéculatives, ce qui les protège des aléas des crises macro-économiques. Aussi, leur dimension collective leur permet de mobiliser facilement des ressources financières et humaines, et de bénéficier d’une intelligence collective stratégique. Une gestion en bon père de famille dans l’affectation des bénéfices assure quant à elle un renforcement du projet, plutôt qu’une rémunération excessive des actionnaires. Enfin, sur base des principes de l’Alliance International des Coopératives, les coopératives privilégient l’entraide à la concurrence. En pratique, W.Alter constate que le taux de survie des entreprises soutenues est de 86 % sur 3 ans et 68 % sur 5 ans, à comparer avec les 70 % et 59 % pour l’ensemble des entreprises wallonnes.
Pour étoffer ces chiffres, la structure a réalisé un sondage auprès des coopératives qui se trouvent actuellement dans son portefeuille, pour évaluer leur capacité de résilience en temps de crise. Le sondage n’a aucune vocation scientifique, seul 1/3 des entreprises a répondu à l’appel, mais il permet néanmoins de dégager quelques tendances suffisamment intéressantes que pour être présentées.
De fait, 91 % des répondants sont positifs quant à leurs chances de survie à la crise du Covid-19, tandis que 73 % estiment avoir assez de fonds propres pour amortir le choc. Du côté de l’UWE, on apprend à contrario que 73 % des entreprises déclarent avoir des problèmes de trésorerie, et que 42 % signalent déjà des problèmes de solvabilité. Dernier élément, 71 % des coopératives sondées ont maintenu leur activité habituelle durant la crise, preuve de leur activité dans de secteurs essentiels.
En conclusion, et pour reprendre les propos de Flora Kokowski, les coopératives sont avant tout des entreprises utiles et bienveillantes, où l’argent est un moyen d’impact et de résilience territoriale. N’est-ce pas justement de cela dont nous avons besoin ?