Après avoir contribué au lancement de la bannière « French Impact » début 2018, qui vise à accélérer le développement de l’innovation sociale française à travers une mobilisation d’1 milliard d’euros de financement publics et privés en l’espace de 5 ans, le Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire, Christophe Itier, a invité plus de 50 délégations internationales à se réunir les 10 et 11 juillet à Paris à l’occasion du premier sommet « Pact for Impact ». Une rencontre inédite, quelques mois après le 4e Forum Mondial de l’Economie Sociale auquel nous avions participé en octobre dernier à Bilbao.
Un Manifeste pour une alliance mondiale
S’il est évident que l’économie sociale dispose des ressources nécessaires pour remplir les 17 objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les Nations Unies en 2015, sa notoriété et sa reconnaissance lui font aujourd’hui encore défaut, tant au niveau des autorités publiques que des consommateurs. Face à une urgence environnementale, économique et sociale mondiale, « Pact for Impact » a pour ambition de renforcer l’écosystème de l’économie sociale au niveau mondial, pour favoriser son changement d’échelle et en faire la nouvelle norme économique.
« L’économie sociale répond aux enjeux d’un monde en mutation : exigence démocratique, croissance durable et solutions innovantes face aux défis de notre planète, tant au niveau local que mondial. Elle a prouvé sa résilience à travers les crises et propose un modèle de travail décent (…). »
Au cours des deux journées de rencontre, plusieurs ateliers débats ont eu lieu, portant sur les grands enjeux de l’économie sociale, allant de l’investissement à impact à la stratégie à adopter face aux initiatives de social business, en passant par la question de l’évaluation de l’impact social et environnemental. L’objectif était de dessiner des recommandations concrètes à suivre pour les prochaines années. Tout l’enjeu étant, au risque de se répéter, d’assurer le changement d’échelle de l’économie sociale tout en préservant ses principes fondateurs, en évitant par exemple de se soumettre à des méthodes de mesure propres aux logiques capitalistes, qui ne rendent pas suffisamment compte des qualités intrinsèques des entreprises sociales (cohésion sociale, bien-être au travail, externalités positives, processus de co-construction, …).
Pour concrétiser ces engagements, il est prévu de lancer une plateforme d’échanges et de coopérations qui se réunira régulièrement afin de travailler à l’élaboration d’une feuille de route visant notamment la création d’outils de financements. Les parties prenantes se retrouveront ainsi, en marge des G20 et assemblées générales de l’ONU pour faire le suivi des opérations.
Concrètement, qu’est-ce que ça change ?
En l’état, il est difficile de prédire si Pact for Impact aura un effet quelconque sur le changement d’échelle de l’économie sociale. Nul doute que ce type d’initiative a toute son utilité pour dessiner une stratégie de développement pérenne de l’économie sociale à l’échelle mondiale.
Toutefois, il ne s’agit pas non plus de réinventer la roue. S’il est utile et pertinent que les pouvoirs publics, au travers de leurs dirigeants, entrent en réseau pour échanger et dialoguer autour de l’économie sociale, il est primordial qu’ils ne communiquent pas en vase clos et qu’ils intègrent à leurs discussions les multiples réseaux d’acteurs, fédérations, chercheurs… tels que le GSEF, le RIPESS ou encore ESS Forum International… De plus, au vu de la multiplicité des démarches, il serait peut-être utile de les regrouper sous une même entité, au risque de nourrir une certaine confusion autour des contours de l’économie sociale. Enfin, si les engagements théoriques sont encourageants, le facteur déterminant sera de les mettre en application sur le terrain à travers des actions concrètes, et d’en assurer le suivi à long terme.
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