A l’origine du projet, en 2008, une poignée d’associations planche sur des solutions à la crise du logement, particulièrement aigüe dans notre capitale, où il y a à peine 8 % de logements sociaux. Comme l’explique le Rassemblement Bruxellois pour le Droit à l’Habitat, en 15 ans, la file d’attente pour obtenir un logement social a doublé, pour atteindre 44 000 ménages, qui doivent attendre au minium 10 ans pour accéder à un bien. Surpeuplement, augmentation abusive des loyers, discriminations, insalubrité, autant de facteurs qui entretiennent le mal-logement bruxellois, où 400 000 individus vivent sous le seuil de pauvreté, soit près d’un Bruxellois sur deux !
C’est lors d’une conférence sur les coopératives de logements, à Lyon, que le mouvement découvre le modèle des Community Land Trusts, inventé aux Etats-Unis. Dans le Vermont, le plus grand CLT au monde, le Champlain Housing Trust de Burlington, soutenu par Bernie Sanders, reçoit la même année le prix mondial de l’habitat décerné par les Nations Unies. Les associations parviennent à convaincre la Région Bruxelloise de l’intérêt d’une étude de faisabilité, et c’est un an plus tard que les fondateurs créent le Community Land Trust Bruxelles. Depuis, le CLTB a notamment concrétisé le premier CLT habité d’Europe continentale, avec le projet « l’Ecluse », qui accueille depuis fin 2015 9 familles. De 2014 à 2017, le CLTB a aussi reçu deux millions par an pour construire 30 logements par an. Enfin, très récemment, il a eu le plaisir d’inaugurer ses deux projets-pilotes lancés en 2013 : « Le Nid », à Anderlecht, et l’« Arc-en-Ciel » à Molenbeek, qui offrent un logement à respectivement 32 et 7 familles.
La terre comme propriété commune
Faisant écho au travail de l’économiste américain Henry George (1839-1897), fervent défenseur de l’impôt foncier et détracteur de la propriété privée de la terre comme source de pauvreté, le CLT plaide en faveur d’une propriété commune de la terre. Pour rendre accessible la propriété immobilière au plus grand nombre, il dissocie la propriété du terrain de celle du logement. Grâce aux subsides, la communauté acquiert les terres, qu’elle met à disposition de ménages qu’elle encadre dans la co-construction des habitations. Ces derniers sont uniquement propriétaires du bâtiment, et doivent respecter un certain plafond s’ils revendent leur bien, pour éviter toute inflation des prix. De cette manière, les logements restent accessibles de génération en génération.