Le citoyen a la clé. La preuve en est par ce mouvement lancé en 2017 par un collectif de Neuchâtel, En vert et contre tout. Son objectif : encourager les commerces indépendants et les épiceries de quartier, soutenir les petits producteurs, favoriser la vente en vrac et le commerce local, repeupler les marchés ou encore réapprendre à n’acheter que l’essentiel (source). Et le mouvement de s’étendre : on le trouve au Luxembourg, au Québec, en France, Espagne, Tunisie, Suède. Chez nous, c’est Jean-Christophe Caron, à l’origine du groupe Facebook « Vivons bien, vivons belge », qui embraie et lui a donné l’occasion de se répandre.
« C’est un mouvement grandissant en Belgique, une communauté de 30.000 personnes qui s’étend et vit en dehors du mois de février » nous explique Jean-Christophe, dont la motivation première est le recentrage sur l’humain. « Notre but est de sensibiliser aux dimensions sociales et environnementales du commerce de proximité, stimuler également un artisanat et une main d’œuvre qui ont une valeur ajoutée, à l’heure où la société se robotise dangereusement ». Faire autrement que ce que le discours dominant nous dicte, ou faire même soi-même lorsque cela est possible : son pain, sa lessive par exemple.
Le consommateur a la clé : c’est lui qui, par ses choix de consommation, a le pouvoir d’orienter le marché. Mais comme la sempiternelle histoire de l’œuf et la poule, encore faut-il que l’offre existe en suffisance et qu’elle ait un potentiel de développement pour répondre à la demande. Le circuit court a lui aussi sa dialectique. Et si l’équation est certes plus complexe et comporte beaucoup d’autres inconnues, d’un côté (budget du ménage, temps de travail et organisation familiale, accès à l’information…) comme de l’autre (structuration des filiales, incitants financiers, accessibilité des normes AFSCA…), on aura notamment constaté dans les premiers mois de la pandémie que les petits commerces, sans doute plus sécurisants, avaient tout d’un coup la cote et challengeaient la centralisatrice grande distribution. Comme quoi, quand le consommateur le veut…
Au sein des magasins collaboratifs et participatifs, il le veut vraiment puisqu’il est prêt à donner chaque mois 3 heures de son temps au projet pour lui permettre de fonctionner. A l’instar de BEES coop (Bruxelles) ou Coopéco (Charleroi), Oufticoop est ouvert depuis septembre 2019 et rassemble un peu plus de 260 coopérateurs en Cité ardente. « J’ai lancé l’idée parce que je voulais vraiment devenir actrice de ma consommation », commente Rachel, à l’origine du projet. « De réunions d’infos en réunions d’infos, d’autres m’ont rejointe pour fonder le groupe-porteur. C’est un projet collectif dont l’ADN est la démocratie. Si notre alimentation est un enjeu, le processus de co-construction qui guide la coopérative l’est en fait tout autant ».