Vin de Liège, domaine d’excellence

Les ‘on dit’ ont parfois un bon goût de vérité, réconciliant mythe et réalité. Ainsi, si Vin de Liège est implanté à une dizaine de kilomètres de la Cité ardente, lorgnant vers les hauteurs de la Basse-Meuse, c’est bien sur les coteaux de la Citadelle que le projet a vu le jour, là où d’aucuns le voyaient déjà s’étendre. ‘Je m’y promenais sur un terrain de la Bourrache, entreprise de formation par le travail que j’ai créée’ se souvient Fabrice. ‘Le maraîcher m’a laissé entendre que celui-ci n’était pas approprié à la culture de légumes, trop caillouteux, mais conviendrait à de la vigne. J’ai laissé germer le projet une année puis me suis lancé dans une réelle étude de faisabilité. Vin de Liège était né’.

Un vignoble expérimental plus tard, de sorte à tester les types de cépages résistants sous nos latitudes, le passage chez le notaire est acté, fin 2010. ‘Nous avons d’entrée de jeu suscité beaucoup d’intérêt, ce type de projet étant relativement nouveau et innovant en Wallonie, même si d’autres domaines existent depuis bien plus longtemps. Ça a néanmoins demandé énormément de travail de persuasion, du grand public et d’autres partenaires, afin de lever les 600.000€ nécessaires au lancement du projet. Nous avons finalement voté en AG extraordinaire le démarrage des activités, avec 400.000€ de capital. Les gens ont sans doute ensuite plus facilement adhéré, avec des choses en chantier, du concret’.

Les premières parcelles sont plantées en mai 2012. Le chai est quant à lui construit en 2014 et représente un investissement de 1.500.000€. ‘Un projet comme Vin de Liège est très complexe à mener : le capital à réunir est important ; trouver des terrains agricoles appropriés, avec une terre calcaire proche de celle que l’on peut trouver en Loire, a été un réel défi ; enfin, faire le bon choix de cépages est aussi primordial, et d’autant quand on souhaite travailler en bio et concevoir des vins de qualité’. Ne maîtrisant pas la production viticole, l’entreprise lance un appel à candidatures afin d’engager un maître de chai. C’est un Français, Romain Bévillard, qui sera choisi parmi 42 candidatures pour venir développer une gamme qui compte aujourd’hui 7 vins blancs, 2 rosés, 4 rouges et 5 effervescents. On les trouve à la coop, chez des détaillants ou encore dans certains restaurants, en région liégeoise, à Mons ou même en Flandre.

Peu réputé il y a quelques années encore, le vignoble belge a semble-t-il désormais gagné ses lettres de noblesse, en particulier grâce aux blancs et mousseux. Avec la contribution de Vin de Liège, bien entendu. ‘Je n’ai pas peur de dire que notre gamme de vin est considérée comme l’une des meilleures de Belgique. Nous travaillons avec des cépages que l’on peut trouver en Allemagne et les pays du Nord. Nous cherchons la typicité, une combinaison savante entre le terrain, le climat, le type de raisin et la conduite de la vigne. Nous voulons un résultat magnifié, en bio et avec les valeurs de l’économie sociale en sus’. Chez Vin de Liège, on ne badine en effet pas avec ces dernières. La coopérative est aussi reconnue entreprise d’insertion et accueille régulièrement 6 Articles 60, soit la moitié de son effectif. En amélioration continue, elle réalise actuellement une étude de son impact social avec une agence-conseil.

Lever 1.500.000€ pour continuer son développement
Fort d’un succès grandissant et d’une croissance maîtrisée, Vin de Liège se trouve désormais à l’étroit et a annoncé fin novembre l’ouverture de son capital. Avec effet immédiat : un million d’euros a ainsi été récolté en à peine une semaine ! De nouveaux coopérateurs qui attendaient l’opportunité depuis longtemps, et d’anciens, une réelle base sur laquelle la coopérative peut se reposer. ‘Nous sommes actuellement 2300 et devrions porter ce chiffre à 3300 en fin de campagne de financement’.

Pour grandir et pouvoir notamment générer un emploi supplémentaire dans les cinq ans, Vin de Liège va étendre son bâtiment, s’équiper en matériel agricole de pointe, acheter de nouvelles cuves, acquérir 5 hectares de terrain, et bien sûr y planter des pieds de vigne. ‘Nous sommes quasi à capacité maximale, avec une production de 100.000 bouteilles par an. Nous souhaitons à terme en produire 170.000’. En espérant des crus meilleurs que 2021, année où le changement climatique s’est particulièrement fait ressentir, entre gelées tardives et abondance de précipitations menant à une perte estimée à 40-50% des récoltes. ‘Un réchauffement aurait eu certes des effets bénéfiques, mais pas un climat changeant et humide. Cela nous demande de suivre davantage la vigne, et d’investir dans du matériel qui nous permettra des traitements autorisés très précis et ciblés’.

Coopératif jusqu’à la lie, Vin de Liège a notamment aidé son petit frère du Pays de Herve à voir le jour. Aussi généreuse et colorée que le ‘Contrepoint’, superbe réussite de la gamme VL, l’économie sociale a quant à elle de biens belles histoires à nous conter !

En savoir plus sur l’appel à coopérateurs.