Retritech, les travailleurs aux commandes

Le premier s’occupe de la gestion administrative. Le second, un peu plus proche de la pension, gère les chantiers. François et Franco forment le bureau de gestion de cette rare success story de reprise d’entreprise par ses travailleurs. ‘Nous travaillions tous les deux pour Retrimeuse, une SCRL qui a trouvé sa première raison d’être dans le démantèlement et l’assainissement des sites du chaud d’Arcelor, à Ougrée et Chertal, en région liégeoise. En 2019, la société a décidé de se séparer de cette activité pour ne garder que des missions logistiques, et l’a cédée à une entreprise de Seraing. La greffe n’a pas pris et 11 des 12 travailleurs ont décidé en 2021 de racheter l’outil. Nous ne nous sentions pas en accord avec les directions prises et avons décidé de prendre notre destin en main’.

C’est alors l’agence-conseil en économie sociale Propage-s, émanation historique de la FGTB, qui accompagne le processus de transmission. ‘Dans ce dialogue avec la partie venderesse, les partenaires sociaux nous ont vraiment aidé à lever les freins et à faciliter le processus de cession. Propage-s nous a coachés dans cette négociation. Ils ont bien sûr aussi réalisé le plan financier du projet et pris en charge les aspects juridiques propres à la création d’une nouvelle société dans un cadre de revente. Un autre apport décisif a été le fait de sensibiliser les travailleurs et de leur expliquer les enjeux, tenants et aboutissants d’un pilotage de leur outil de travail’. Une reprise dans laquelle W.Alter, partenaire économique de l’économie sociale, sera aussi intervenue sur les nécessaires aspects pécuniers.

Un premier exercice comptable clôturé fin 2022, les deux F. tirent un bilan positif de ce changement de paradigme. ‘On constate que le modèle de coopérative de travailleurs motive et implique davantage. Quand l’entreprise vous appartient, vous y mettez plus de cœur, puisque vous œuvrez à la fois pour vous-même et pour un collectif qui n’est plus une juxtaposition de personnes, mais prend un supplément d’âme. Le bilan de l’entreprise prend lui aussi un autre sens, qui dilue l’intérêt personnel. Un des enjeux est de bien sûr chercher à toujours susciter l’adhésion. Outre au sein de l’assemblée générale, nous veillons à ce que l’information circule de manière la plus fluide possible. Nous sommes désormais 19, et un de nos prochains défis est de proposer aux nouvelles forces vives de devenir elles aussi membres de la coopérative’.

Un métier en évolution, des perspectives positives
Nettoyage, curage, désamiantage : le métier premier de Retritech est né de la chute de l’âge d’or de l’acier liégeois. ‘Nos clients sont des entreprises de démolition. Nous sommes également présents sur des sites en rénovation. La coopérative à peine créée, les inondations de juillet 2021 nous ont par exemple mis pendant 4 mois à pied d’œuvre. A côté de ce service ‘environnement’, nous avons également développé tout ce qui est lié aux infrastructures, essentiellement pour une clientèle industrielle, parfois pour des particuliers : gros œuvre, agrandissement, peinture au sol, électricité, menuiserie, soudure, fabrication de dalles sur mesure, etc.

Membre du pôle ‘construction’ constitué par SAW-B pour favoriser l’accès des entreprises sociales aux marchés publics, Retritech envisage l’avenir avec sérénité, et une pointe de romantisme. ‘A terme, nous projetons d’acquérir notre site d’exploitation. Mais ce qui nous guide en toile de fond, c’est l’envie d’être un acteur de la transformation du paysage urbain Sérésien’. Et l’ombre de John Cockerill quelque part de planer sur la rue de la Glacière…

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