Réseau Paysan, le Luxembourg à portée de main

Faciliter l’accès des productions alimentaires locales aux populations rurales : voici le défi auquel s’attellent dès 2012 l’asbl citoyenne Solidairement, l’épicerie coopérative La Débrouillardise Villageoise, et le réseau de paniers Les Grosses Légumes, logés dans le petit village de Meix-devant-Virton. C’est que la province du Luxembourg présente un territoire complexe : grande (plus d’un quart de la superficie wallonne), elle est peu dense en habitants, et ne compte pas de très grands centres urbains. Elle est cependant riche de producteurs, qu’ils soient laitiers, de viande, artisans transformateurs ou encore maraîchers.

‘Avec Réseau Paysan, nous avons créé le chaînon manquant, un nécessaire intermédiaire’ explique Denis, chargé de projet pour la coopérative et lui-même fromager. ‘Le moins que l’on puisse dire est que cela a rencontré les besoins des uns et des autres : nous sommes actuellement 102 producteurs et 121 points de vente qui faisons partie de la coopérative et l’utilisons, les uns pour vendre une partie de leurs productions, les autres pour s’approvisionner en denrées locales. Et nous ne faisons pas de prospection : les demandes d’adhésion arrivent vers nous’. Centrée sur les besoins de la province, elle en exporte également les produits, dans le cadre de partenariats vertueux. Ainsi, Réseau Paysan livre Cabas sur Bruxelles et profite du retour de tournée pour faire halte chez Cocoricoop, Macavrac ou encore R.E.L.A.I.S, en Brabant wallon et dans le Namurois.

Réseau Paysan gère aussi son propre magasin, à Libramont. Vous y trouverez de nombreuses références, dont des indications géographiques protégées comme le pâté gaumais et le jambon d’Ardennes. Un autre produit s’y fait remarquer : la mozarella au lait de bufflonnes, qui pâturent à quelques kilomètres de là. Forte d’une offre de qualité, la coopérative souffre néanmoins – comme tous les acteurs du circuit court – d’une crise qui demande des adaptations continuelles. ‘Nous avons nous aussi connu l’emballement de début de pandémie. Depuis une bonne année, c’est par contre très difficile. Le pouvoir d’achat a baissé, des points de vente ont fermé, et nos charges ne font qu’augmenter, notamment le coût du carburant’. Créatif, Réseau Paysan a alors travaillé à une formule de prix la plus résiliente possible : plutôt que de jouer uniquement sur des marges dont les produits pourraient pâtir, elle propose désormais un abonnement complémentaire pour le service qu’elle preste, soit une dépense qui est aisément ventilée dans les frais généraux de ses clients.

De la nécessité de coopérer
Organisée en trois collèges de coopérateurs (fournisseurs, acheteurs, logisticiens), Réseau Paysan cultive la collaboration, une notion qui compose son ADN. ‘C’est vraiment un fil rouge du projet, qui permet par exemple de s’aligner sur le prix juste au producteur et au consommateur. Ces espaces de discussion, nous les retrouvons également au niveau de 5C, le Collectif des Coopératives Citoyennes en Circuit Court dont nous faisons partie’.

A l’heure où des moyens wallons sont mis sur la table pour créer trois hubs logistiques dédiés à l’alimentation durable (Liège, Namur et Charleroi… soit une dorsale wallonne dont Libramont semble bien éloignée), Réseau Paysan mêle les sentiments, entre fierté d’un précurseur reconnu à juste titre, et crainte d’un avenir au ciel assombri. ‘Les politiques ont de nombreuses clés, les citoyens aussi. Il est primordial que l’on prenne conscience que l’alimentation est une affaire de santé publique, et que le soutien à une diversité d’acteurs qui apportent de réelles plus-values est indispensable’.

En savoir plus : reseau-paysan.be

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