Si vous avez l’opportunité de vous balader sur site, entre caisses et palettes, vous constaterez qu’on y parle autant avec les mains qu’avec la bouche. Créé en 1985 par l’APEDAF (Association des Parents d’Enfants Déficients Auditifs Francophones), les Ateliers du Monceau est un projet unique en Europe, qui accueille une quarantaine de personnes sourdes sur les 138 travailleurs avec handicap engagés. ‘La langue des signes est leur langue maternelle ou première’ précise Alain Klinkenberg, désormais senior advisor après 39 ans de direction. ‘L’intention de départ était de créer une structure bilingue, dans laquelle ces personnes pouvaient s’épanouir et avoir accès au niveau d’information nécessaire. Ici, nous accueillons tout le monde dans le respect des différences, avec ce point d’attention particulier et cette intégration de la culture sourde au projet d’entreprise’.
Alain, comme on l’appelle aux ADM, est lui-même bilingue : fils de parents sourds, il connaît la langue des signes francophone belge… sur le bout des doigts. Prof de math dans le secondaire, un diplôme de sciences-éco dans l’attaché-case, il est contacté dès les débuts afin de piloter la petite entreprise naissante. ‘J’ai été encadré par Albert Ghysens, le président de l’époque, qui aura véritablement été mon mentor. Sa photo orne toujours mon bureau. Mon histoire familiale m’a confronté à cette injustice profonde de ne pas accéder facilement à l’info, le journal quotidien à la radio inaccessible pour mes parents, et j’ai fait de cette chance d’entendre un engagement pour les autres et la communauté sourde en particulier’.