L’atout W.ALTER

Il en a vu passer l’ami W.ALTER depuis ses débuts il y a près de trente ans. Porté sur les fonts baptismaux à l’initiative de la Société Régionale d’Investissement de Wallonie et de syndicats qui constatent le peu d’ouverture des acteurs financiers classiques aux structures d’économie sociale, il en est devenu un pilier de développement sur notre territoire, comptant quelques 140 entreprises actuellement en portefeuille et près de 30 millions d’euros sous gestion. ‘Nous pouvons certainement être fiers du chemin parcouru, et d’autant au vu de la croissance intensive de l’activité depuis 2015 et l’avènement de Brasero, dispositif de soutien aux coopératives citoyennes alors lancé sous la législature de Jean-Claude Marcourt’ opine du chef Flora Kocovski, sa directrice depuis 2014.

Arrivée dans l’effectif en 2001, à une époque où l’outil public officiait encore sous la dénomination un brin plus institutionnelle de ‘Société Wallonne d’Economie Sociale Marchande’, elle aura eu le temps d’en apprécier une évolution qu’elle découpe en quatre temps. ‘Nos débuts sont marqués par le soutien à des projets marchands issus du tissu associatif. Je pense à RECMA, Monceau-Fontaines, les premières entreprises d’insertion. A partir de 2004-2005 c’est ensuite l’essor de l’insertion dans le titre-service, avec notamment des entreprises comme EkoServices qui auront bien grandi depuis.’ Présente en Wallonie de Mouscron à Namur ainsi qu’à Bruxelles, l’entreprise compte 21 agences, ce qui en fait une des entreprises phares du secteur.

Dix années plus tard, Brasero est quant à lui synonyme de l’émergence d’une nouvelle économie coopérative. Le dispositif est innovant et double le capital citoyen jusqu’à 200.000€. ‘C’est le témoignage d’une volonté politique affirmée, et d’une économie sociale qui trouve en la population de nouveaux alliés. La réussite de Vin de Liège en est un bel exemple. Au total, ce sont plus de cent projets qui auront été soutenus. La mesure est désormais fondue dans le dispositif global’. Depuis trois ans, Flora observe une quatrième phase, de maturation. ‘En 2018, W.ALTER finançait septante pourcents de projets au démarrage. Cette proportion est passée à quarante, les soixante restant venant soutenir financièrement des entreprises en croissance. Cette tendance est un signal très positif pour l’économie sociale. Des projets créés il y a huit-neuf ans reviennent frapper à notre porte, l’écueil des premières années passé.’  

Des moyens renforcés, un périmètre plus large que le seul financement
En ce printemps 2024, W.ALTER voit son capital augmenter de dix millions d’euros, la Wallonie et Wallonie Entreprendre en amenant chacun cinq. ‘C’est évidemment une excellente nouvelle. Fin 2023, nous approchions les 100 millions investis dans l’économie sociale wallonne, soit plus de 360 entreprises financées. Notre objectif est d’en réinjecter autant à un horizon beaucoup plus court, qui est celui de 2030. A l’heure où on parle d’objectifs climatiques ambitieux et d’une nécessaire transition, on ne peut plus ne pas citer l’économie sociale comme une évidence. L’ES ne transige pas. Son ADN est par définition tourné vers la préservation du bien commun, ce que ne pourront jamais dire toutes les entreprises qui se revendiquent à impact mais dont la finalité reste de faire du profit.’

Et pourtant, sortir de l’arrière-cour reste un de ses défis majeurs. ‘L’exemple de Cociter nous montre qu’il est possible d’avoir de l’ambition et de changer d’échelle. La nôtre est d’investir 8 à 10 millions par an dans les entreprises sociales, et de supporter notamment cette énergie renouvelable coopérative qui donne tant de résultats probants quand elle se fédère et mutualise un fournisseur. L’économie sociale est une option plus que crédible. Elle doit encore être davantage soutenue et surtout faire l’objet de cohérence.

A votre gauche : l’économie sociale. A votre droite : les aéroports de Liège et de Charleroi et le modèle productiviste auquel ils sont adossés…

Bien campée dans son décret, l’économie sociale wallonne se porte bien, très bon élève de la classe européenne qu’elle est. Chez W.ALTER, on est aux premières loges pour le constater, autres missions déléguées faisant. ‘Nous sommes en effet un peu plus qu’un acteur du financement. Avec ConcertES, nous pilotons des campagnes de promotion qui visent à faire connaître davantage l’ES. Nous avons également accompagné la mise en place de l’incubateur iES! et de nouvelles chaires universitaires. Y mettre des moyens est important car c’est aussi dans l’enseignement que le switch doit impérativement s’opérer. La Wallonie a la chance de bénéficier d’un écosystème particulièrement mature et structuré. Au sein de celui-ci, notre fonction évolue. Nous devenons un ensemblier, nous mettons en lien, avec de beaux exemples à l’appui comme la Fabrique Circuit-Court à Namur, ou la Menuiserie qui vient d’ouvrir ses portes à Liège. Cette capacité intrinsèque à coopérer et mutualiser est clairement un atout dans le jeu de l’économie sociale.’

Bon joueur, il se dit que W.ALTER ne distribue que des cartES gagnantes, celle d’une Wallonie qui sait aussi choisir le chemin de l’alternative.

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