Le métier de la première ne la prédestinait pas tout à fait au domaine d’activité, celui de la seconde davantage. Lorsqu’elles se rencontrent en 2016, Melody travaille alors dans la (post) production audiovisuelle tandis que Fanny, ingénieure agronome, a un parcours dans la recherche et la formation. Deux années plus tard, elles achètent un terrain et concrétisent une reconversion professionnelle qui débute par du maraîchage agroécologique. « Nous avons effectué notre première saison en 2019. Un an plus tard, en pleine crise sanitaire, nous créions la coopérative, avec l’envie d’un engagement collectif » explique Melody. « La Mauvaise Herbe, c’est produire localement de manière résiliente, mais c’est aussi outiller une communauté sur les questions liées à la souveraineté alimentaire, qui ont assez récemment disparu des agendas politiques et autres débats publics. Nous avons pourtant besoin de penser le changement de manière systémique, tant le paradigme actuel mène nos sociétés droit dans le mur. »
Coopérative mixte de citoyens et de producteurs, La Mauvaise Herbe se veut un modèle ouvert, touchant Nassogne et les communes aux alentours. Chacun peut venir faire ses courses dans la petite épicerie succédant au fleuriste du coin. Au magasin, les légumes viennent notamment de la production propre de la coopérative, fait assez rare (50 légumes par an sur moins d’un hectare, avec usage de la traction animale). La gamme alimentaire est complétée en direct par quinze producteurs locaux (miel, pain, fromage…) et en circuit-court, via des acteurs de l’économie sociale comme Paysans-Artisans et Réseau Paysan, et le grossiste Interbio. À l’épicerie, vous trouverez également tout ce qu’il faut pour compléter votre panier : quelques produits ménagers et des produits venant de plus loin, comme le café ou le chocolat. « 60% de nos clients sont nos quelques trois cents familles coopératrices, qui font 75 à 80% de notre chiffre d’affaires. Nous avons nous aussi connu ce boom de fréquentation pendant la période covid, avec des files pour venir se fournir, puis le triste retour de ces clients du moment à leurs habitudes de grande distribution. Comme beaucoup, nous sommes en tension économique, avec cinq emplois à financer et quelques renforts en saison. »