Imagine COOP, pour écrire un nouveau récit

Magazine des transformations, traitant de manière avant-gardiste les questions de société avec une focale écologique et sociale envisageant l’axe Nord-Sud, Imagine demain le monde rayonne depuis 1996, année de sa fondation par feu André Ruwet. Jusque-là bimestriel, son 158^e numéro amorce une nouvelle ère, celle d’une temporalité désormais trimestrielle et d’un redéploiement sous le signe d’une coopérative. ‘C’est un processus que nous avons démarré il y a un peu plus de 3 ans’ explique Hugues Dorzée, son rédacteur en chef.

‘Cela a d’abord consisté en un léger repositionnement éditorial, un travail sur l’identité et les contenus. Nous avons ensuite souhaité interroger la gouvernance du projet, avec l’optique de dynamiser celle-ci et qu’un nouveau modèle économique, plus diversifié dans les sources de revenus, émerge’. Imagine demain le monde vit alors essentiellement de ses 3200 abonnés et 1000 ventes en librairie, soit 70% de recettes propres adossées à une aide à la presse de la Fédération Wallonie-Bruxelles et à un soutien du CNCD. La coopérative ouvre quant à elle d’autres perspectives, tant commerciales que de capitalisation.

‘La presse indépendante est fragile’ commente Sarah Jonet, directrice d’un Imagine COOP qui fit plus que ses premières armes sous la forme d’une asbl. ‘Avec l’aide d’une agence-conseil en économie sociale, nous avons étudié divers scénarios de pérennisation, et celui d’un passage en coopérative s’imposait. Il va nous permettre d’engager beaucoup plus franchement notre communauté de lecteurs.trices, de lever les fonds nécessaires à la digitalisation et au développement du média, de faire coexister le magazine avec d’autres services’. Podcasts et chroniques sonores, vidéo, web enrichi : l’espace digital d’Imagine COOP a de la gueule et fera à terme place aux 27 années de journalisme engagé disponibles en ligne, contre abonnement. Et la petite bibliothèque de devenir grande.

Aligné sur les valeurs du média, la coopérative de services ouvre un champ pédagogique et d’éducation permanente où l’entreprise est déjà identifiée comme experte. ‘Nous sommes depuis plusieurs années sollicités par le secteur de l’économie sociale, de la culture, de la coopération au développement. Avec ce nouvel outil, nous faisons un pas en avant vers l’animation de débat, la production de contenus à la carte, la formation sur des thématiques liées à l’éducation aux médias et aux questions climatiques. Cette diversification devrait nous rendre plus robuste, et servir des besoins grandissants depuis que l’urgence d’un changement a envahi l’espace public’ (HD).

Agrandir la communauté en restant fidèle à ses préceptes
Signataire de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique (F), Imagine entend bien rester un lanceur d’alertes, une ‘sentinelle des catastrophes, non catastrophiste’ (HD). ‘L’ADN d’Imagine demain le monde est celui d’un média positif, lucide, qui contextualise des enjeux pour nourrir le débat et se veut force de proposition. Nous ne serons jamais moralisateurs et excluants.

A l’égard de ses confrères, qu’ils se nomment Wilfried, Médor ou encore Tchak !, Imagine invente de nouveaux récits, à contre-courant, projection critique et créative vers un autre possible, dans un contexte difficile pour la presse (disparition de points de vente, baisse de la diffusion, augmentation des charges, fatigue informationnelle, concurrence des GAFAM – ces géants du web – etc. ).

Tandis que le collectif attend avec impatience un décret imminent sur l’aide à la presse périodique non commerciale, Imagine COOP est en plein appel public à l’épargne, et quasi arrivé à la moitié d’un objectif de financement de 200.000€. ‘D’ici le 31 mars, nous espérons avoir atteint l’objectif financier. Celui-ci doit nous permettre de soutenir l’emploi au sein d’Imagine COOP, de digitaliser nos outils de gestion et de financer des collaborations justes avec des autrices et des auteurs francophones autour des contenus enrichis. Pour nous soutenir, vous pouvez prendre des parts sociales (à 100 EUR) depuis le site internet ou encore vous abonner à notre média (papier & digital). On ne le dit pas assez mais s’abonner, c’est nous permettre de prévoir les recettes sur une année et pour des projets comme Imagine COOP, c’est un soutien important’ (SJ).

Toutes voiles dehors, Imagine COOP entend bien arriver à bon port, porté par les vents favorables de la transition.

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