Soins de santé et justice à deux vitesses, collusion des pouvoirs économique et politique, vide démocratique : les constats de désillusion ne manquent pas à l’époque d’un premier choc pétrolier dont l’onde résonne sur la planète entière. Issues d’un mouvement social, politique et culturel qui exige alors le changement, les Maisons Médicales l’envisagent dans leur domaine selon une approche qui ré-ancre le patient dans son environnement. ‘Cette nouvelle vision des soins de santé est holistique et est construite par un ensemble varié de prestataires (ndlr : médecins, kinés, infirmières, …). Elle émerge à l’opposé du mythe de l’hôpital et de sa sacrosainte technicité. Elle propose un regard croisé, qui soutient le patient dans sa propre prise en charge’ précise Florence Paligot, permanente politique pour la locale liégeoise de la Fédération des Maisons Médicales. Et là où la clinique seulement guérit, la maison médicale prévient aussi, travaillant fortement sur les déterminants non médicaux de la santé : logement, alimentation, conditions sociales et accès aux soins, etc., soit ces différents facteurs qui influent directement sur notre état de bien-être.
Basé sur le travail en équipe, le modèle organisationnel d’une MM reflète l’ambition démocratique qui la sous-tend philosophiquement. ‘L’autogestion s’est alors directement imposée comme un outil indispensable, destiné à abolir la différence de statut entre les diverses fonctions soignantes. Elle pose comme fondement de son action l’égalité, tant dans la prise de décisions en interne, que dans la relation au patient qu’elle institue’. De quoi penser assez intuitivement que le secteur est ancré naturellement dans l’économie sociale, une appartenance pourtant pas toujours revendiquée. ‘En effet, le champ de l’économie sociale est encore essentiellement perçu comme marchand, et donc associé par certains au capitalisme, par un raccourci assez malheureux. Il y a donc un grand travail de sensibilisation à effectuer, et d’identification à ce pan alternatif de l’économie qui réunit nos diverses initiatives, marchandes ou non.’