C’est parfois le vent qui dissémine au loin les bonnes graines : ne cherchez pas l’origine de Cycle en Terre en Province de Namur où elle est établie, mais bien en… Tasmanie : ‘J’avais alors 18 ans et l’idée y a germé à la rencontre de Peter, un homme redoutant la fin du pétrole et voulant vivre en autarcie complète’ nous raconte Fanny Lebrun, coordinatrice du projet. Quelques années plus tard et un diplôme d’ingénieure agronome en poche, elle décide de mettre les mains dans la terre, teste le projet et est vite convaincue de sa faisabilité. De fil en aiguille, l’entrepreneuse se lance comme indépendante, puis crée donc cette coopérative récompensée par un des Prix de l’Economie sociale 2018, ‘une belle preuve qu’il faut croire en ses idées et prendre le risque de se lancer’.
C’est que la jeune femme s’attaque alors à un marché plus que concentré : quelques géants de l’agrochimie s’y disputent les parts d’un gâteau gonflé à coup de brevets et d’organismes génétiquement modifiés (lire à ce sujet : ‘Bayer-Monsanto: main basse sur les semences‘). ‘Les semences que l’on utilise en Belgique pour produire des légumes viennent de l’étranger, d’Europe et d’ailleurs. Elles sont la propriété de grands groupes tels que Monsanto, et pour la plupart non reproductibles’. Et si l’agriculture bio a le vent en poupe, il n’existe quasi pas de semences libres pour celle-ci. ‘La première étape du projet a été de produire des semences chez nous. La seconde sera de sélectionner celles les plus adaptées à la production biologique et à nos conditions locales, ce qui demande énormément de tests’. A ce jour, Cycle en Terre commercialise près de 180 variétés, dans une centaine de points de vente ainsi qu’en ligne.