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10 ans : un anniversaire important dans un projet entrepreneurial, qui vaut bien qu’on s’y attarde. Et d’autant plus quand au fil du chemin parcouru, le projet a rayonné autant que le Comptoir des Ressources Créatives, parti de Liège pour exister également à Namur, Charleroi, Mons et Verviers. ‘C’est de Liège 2015 que l’initiative est née’ se rappelle Julie, coordinatrice du CRC Liège. ‘Il y avait un réel mouvement des créateurs et associations, fédérés de manière multidisciplinaire afin que Liège ambitionne le titre de capitale européenne de la culture. Si Mons a été préféré, la dynamique aura au moins permis au Comptoir de voir le jour, mu par une logique : il est parfois plus efficace de construire soi-même la réponse à ses besoins’. Ceux-ci sont autant matériels qu’immatériels dans le catalogue du CRC : locaux, véhicules, mise en réseau, conseils, etc.
C’est en 2013 que le Comptoir trouve un premier point d’ancrage : les espaces bureau du Magasin prennent place en Saint-Léonard, tandis qu’une réflexion se met en marche sur la nécessité d’avoir un lieu professionnalisant dédié à l’artisanat. Celle-ci se concrétisera en mars 2015 par l’achat des Ateliers Dony et la constitution de la coopérative DynamoCoop. Entre-temps, le CRC aura mis sur pied ses fameux ‘pitch cafés’, des moments conviviaux où présenter son projet tout en bénéficiant ensuite des avis et autres mises en lien de l’assemblée. ‘C’est l’un de nos premiers outils. Comme tous, il est centré sur ce que cherche le porteur du projet. Souvent, les solutions existent. Et si celles-ci sont absentes et que la demande fait masse critique, on les coconstruit. C’est ainsi que sont nés par exemple les espaces mutualisés Dony, que nous avons en gestion’.
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Petit à petit, le modèle fait parler de lui au-delà de la Principauté et un second Comptoir est créé en 2016 à Namur, porté par un noyau local adhérant aux mêmes valeurs, ce qui a entraîné l’édiction d’une charte commune. ‘On travaille très souvent en intelligence collective’ explique Rachel, électron libre détaché sur la Wallonie pour l’ensemble des CRC. ‘Notre leitmotiv est ‘pour et par les créateurs’, ce qui implique de la co-construction constante. Nous utilisons des méthodes qui nous permettent de ne pas tomber dans la standardisation, mais bien de gérer la diversité de nos bénéficiaires et de leurs besoins’. Apporter de la stabilité dans la discontinuité de la vie des créateurs, et de toutes celles et ceux qui aspirent à vivre de leur création, un vrai challenge au regard du monde du travail et de son droit associé, statut d’artiste et autres joyeuseries réglementaires qui peinent à tenir compte des particularités de ces métiers.
Rendre le risque possible
Afin de créer du liant entre tous les CRC, le Comptoir crée en 2018 le Comptoir des Comptoirs. ‘Celui-ci est né de la volonté d’avoir une structure d’appui où mener des réflexions d’échelle, notamment sur la participation, la formation continue ou encore la communication. Là aussi, l’agilité prime. La posture que nous avons face aux créateurs encourage l’‘action-recherche’, une dynamique renversée qui entend décomplexifier l’entrepreneuriat et lui autoriser davantage l’essai-erreur’. Et la méthode mise en place en 10 ans semble porter ses fruits, un audit du Laboratoire d’Etudes sur les Nouvelles formes de Travail, l’Innovation et le Changement (LENTIC) en attestant. -
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Julie : ‘La mutualisation d’espaces a un réel impact sur la vie des créateurs, tant économique que social. Cela déborde même sur les quartiers où des écosystèmes se renforcent et des partenariats se tissent, comme à Liège avec le projet de l’Amicale des Boulangers qui a abouti à l’acquisition du bâtiment ‘Télénord’. Un sentiment communautaire, au sens noble, émerge. On peut notamment le constater au haut taux de présence lors des assemblées générales, des rendez-vous traditionnellement peu attirants’. Des spécificités locales différencient chaque Comptoir: arts de la scène et audiovisuel à Mons ou Charleroi, pop-up store à Verviers, accompagnement d’acteurs associatifs à Liège, rayonnement provincial du CRC namurois qui le fait porter jusqu’à Dinant.
Avec 2500 créateurs soutenus ainsi que 32 emplois créés en interne, le CRC affiche un bilan chiffré qui force le respect. Parmi son public, beaucoup de slasheurs, ces travailleurs qui cumulent des activités parfois fort différentes et intermittentes. ‘Ils sont le reflet de l’évolution de notre société, et l’existence de structures comme les CRC les rassurent sur la possibilité de ce mode de vie qui brise la routine’.
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Notre objectif pour les années à venir est de faire encore bouger les cadres, et de faire reconnaître tant la richesse économique amenée par celles et ceux qui créent, que l’enjeu de démocratie culturelle qu’ils portent.
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Reconnu par les pouvoirs publics, jusqu’à susciter la demande sur Bruxelles et être consulté par le Ministère de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Comptoir des Ressources Créatives souffle avec fierté 10 bougies qui en appellent d’autres.
Félicitations et rendez-vous dans 10 ans pour un nouveau bilan.