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Cociter : l’énergie coopérative !

Inspiration

Si la production d’énergie renouvelable commence à avoir le vent en poupe dans nos belges contrées, le chantier est encore conséquent pour assurer une chaîne d’approvisionnement durable, de la turbine à la prise.
  • Nouvel arrivé sur le marché de la fourniture, le Comptoir Citoyen de l’Energie ajoute un chaînon à celle-ci et garantit du 100% vert et local, sous forme d’une coopérative qui inscrit son action dans le mouvement de la transition.

    L’aventure a commencé en 2011, sous l’impulsion de 3 coopératives citoyennes productrices d’énergie éolienne et d’un constat : une production durable d’un côté, mais la nécessité de passer par un des acteurs incontournables du marché (terminant par –bel, -nus ou autre) pour se fournir. 10 coopératives prennent alors la décision de créer un fournisseur : Cociter. « C’est une coopérative de coopératives, qui est donc accessible indirectement au citoyen. Nous incitons ceux-ci à investir dans nos moyens locaux de production, essentiellement éoliens. Par leur investissement dans une des 10 coopératives fondatrices, ils ont la garantie que l’énergie qu’ils consomment via Cociter a été produite chez nous, par des moyens durables » précise Mario Heukemes, administrateur de Cociter.

  • Les 10 coopératives, membres de la fédération ResCoop, produisent et injectent actuellement sur le réseau l’équivalent de la consommation de 11 à 12.000 ménages. « Nous avons actuellement 1600 clients. Le reste de notre production est revendu aux autres fournisseurs, qui doivent eux aussi assumer leur part de fourniture verte (NDLR : celle-ci est établie via les fameux certificats verts, qui représentent un véritable marché à l’échelle nationale) ». Subsiste la question du chaînon manquant. En effet, si Cociter fournit l’énergie produite par le pool coopératif, distribution et transport restent l’apanage des intercommunales et autres sociétés fondées à partir de celles-ci (Ores, Resa…). « Ce serait pourtant envisageable d’être propriétaire également d’une partie du réseau, du moins d’en être co-actionnaire. Et quand on voit le coût du transport par rapport à celui de l’énergie sur la facture, ça aurait tout son sens également de se réapproprier cette partie de la filière ! ».

    Aux côtés des enjeux économiques et environnemetaux, Mario Heukemes pointe l’acquisition de compétences comme autre défi majeur de la réappropriation coopérative : « c’est d’une importance capitale que les citoyens comprennent ce qu’il y a derrière le marché de l’énergie, et puissent jouer un rôle par rapport aux décideurs. On a beaucoup parlé depuis 2014 de black-out et de sécurité d’approvisionnement. Tout ça fait partie du lobby des grands groupes auprès du politique. L’ambition de Cociter, c’est donc aussi d’accéder à un niveau de connaissances et de compétences qui permette une forme de contre-pouvoir légitime sur le marché énergétique ». Un enjeu stratégique dans une matière qui, comme l’alimentation, concerne un bien de base.

  • Acteur de la transition, Cociter se positionne comme coopérative sans but lucratif. Elle vend en effet à prix coûtant, pour le moment équivalent à celui du marché. « On est compétitif par rapport au nucléaire, ce qui est déjà une belle satisfaction. Et tout ça sans bénéficier de facteurs d’échelle vu notre taille actuelle ! »

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    On est compétitif par rapport au nucléaire, ce qui est déjà une belle satisfaction.
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  • Si la part de l’éolien représente actuellement 100% du renouvelable fourni par Cociter, le panier vert sera composé à terme d’électricité produite grâce à l’hydraulique et à la biomasse. « Notre mouvement est en phase de structuration. Il faut aussi savoir qu’il s’est constitué en réaction au développement à tout-va de l’éolien par des promoteurs privés. Le gisement venteux appartient à la collectivité. Or, 88% des éoliennes wallonnes sont aujourd’hui aux mains du privé… ». Pour réguler tout ça, un cadre de référence – instauré en 2013 – sera bientôt traduit en décret. Il recommande une copropriété des parcs éoliens, incluant communes et citoyens.  « Le grand éolien, terrestre et off-shore, prendra une place importante dans le futur mix énergétique. Notre combat, et celui de ResCoop, est double par rapport à ça : accéder à la propriété des moyens de production existants d’une part, lutter contre une forme d’anarchie d’autre part. L’éolien ne doit pas défigurer le paysage mais s’y intégrer de manière harmonieuse et cohérente. Heureusement, la réglementation wallonne est à cet égard relativement bien faite ».

  • Classé récemment au premier rang des fournisseurs d’énergie par Greenpeace, Cociter entrevoit l’avenir avec un optimisme teinté d’interrogations : « la transition est en marche, notamment chez nos voisins (Allemagne, Danemark, Ecosse…), mais il manque chez nous un consensus sur un plan ‘climat’ national à long terme… le mouvement coopératif peut impulser beaucoup, mais sans volonté politique, cela sera impossible d’atteindre des objectifs significatifs ».
  • Gageons que celle-ci finira un jour par émerger pour confirmer les engagements pris lors de la Cop21 et nous mener vers les chemins raisonnés d’une sobriété heureuse…

    Plus d’informations: www.cociter.be

    Rédigé par Grégory Dubois – Step Entreprendre.

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