Zoé Marlier, première lauréate du Hera Award ‘sustainable economy | social economy’

La salle de l’auditoire Van Gogh (UMons) était bien remplie ce jeudi 25 avril pour la remise des Hera Awards, rendez-vous annuel qui prime mémoires et thèses produits par des étudiants ou doctorants qui abordent le développement durable avec une pensée systémique à 360°, marque de fabrique de la Fondation pour les Générations Futures. Nouveauté de cette année, une sous-catégorie ‘social economy’ venait s’imbriquer dans ‘sustainable economy’, permettant de récompenser des travaux ayant spécifiquement trait à l’économie sociale. Sur 22 travaux reçus dans la catégorie mère, 4 auront été à départager par un jury mixte, incluant des représentants du Comptoir des Ressources Créatives, Febecoop, le Groupe Terre et iES !, garants volontaires de la compréhension des cadres conceptuels propres à l’économie sociale.

Depuis peu doctorante au Centre d’Economie Sociale de l’ULiège, Zoé Marlier aura donc trusté les lauriers pour son mémoire intitulé ‘Tensions en série : enquête sur le genre et le travail dans la gouvernance des coopératives belges’ où elle met en lumière le décalage entre les principes en vigueur dans les coopératives belges (démocratie, égalité, etc.) et la réalité de celles-ci en ce qui concerne l’inclusion des femmes dans leur gouvernance. ‘J’ai choisi ce sujet car les questions féministes m’intéressent, tout comme celles de la démocratie au travail. Les coopératives se sont assez naturellement imposées comme objet d’étude’.

Zoé mène 24 entretiens, avec 21 administratrices et 3 administrateurs de coopératives de différentes tailles et domaines d’activités, principalement en Wallonie. ‘Je voulais cerner les parcours, les motivations, avoir un retour sur l’expérience de femmes au sein de conseils d’administration. J’ai également eu une focale sur le travail domestique et la répartition de leur charge familiale. Mon mémoire fournit trois résultats : premièrement, on constate une homogénéité de profils. Des femmes blanches, hétéros, sans handicap, très diplômées, qui se situent dans des tranches d’âges où la question de la parentalité intervient moins (30-35 ans, après 50 ans). Deuxièmement, les coopératives n’échappent pas à l’héritage patriarcal du capitalisme et ont tendance à reproduire les inégalités systémiques. Les femmes ont peu connaissance de leur organisation et ne briguent pas spontanément un rôle dans leurs organes de gestion, entre syndrome de l’imposteur et légitimité à construire. Enfin, la répartition du travail domestique est un véritable frein à l’engagement’.

Lever les tabous sur la charge mentale et familiale, rendre visible le travail domestique, poser le débat dans les sphères privées, professionnelles et politiques : autant de recommandations formulées afin de faire avancer les choses.

Chargé·e d’égalité, closes de parité inscrites dans les statuts, formation : l’économie sociale explore la thématique et déploie des solutions. Fière de cette reconnaissance, Zoé est quant à elle déjà immergée dans sa thèse de doctorat, dans la continuité puisqu’elle traite de démocratie et d’émancipation des femmes dans le cadre coopératif.

Les Hera Awards, programme central de la Fondation pour les Générations Futures
Fondée en 1998, la FGF prône un développement soutenable, ‘qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs’. Elle axe ses activités sur le soutien à l’entrepreneuriat d’une part, à la recherche d’autre part. ‘L’objectif de ces Hera est de promouvoir cette vision à 360° au sein des Institutions universitaires et Hautes Ecoles’ explique Alice, responsable opérationnelle des Hera. ‘Chaque année ou presque, nous ajoutons de nouveaux domaines d’étude et sommes ravis de voir l’économie sociale intégrer le panel de prix, et d’autant qu’elle est encore trop cantonnée aux masters de spécialisation dans nos établissements académiques. L’économie sociale a cette capacité à envisager les choses de manière systémique, elle s’inscrit donc parfaitement dans notre ADN. Nous avons pu observer de riches échanges lors de ce jury mixte est c’est aussi une force de la Fondation, la rencontre de mondes entrepreneuriaux parfois bien différents. Nous avons hâte de lancer la prochaine édition, en espérant de plus en plus de travaux qui traitent de questions d’économie sociale’.

Et puisque la FGF aime à innover, celle-ci se clôtura le 17 avril 2025 du côté de Bruxelles, sur un campus Saint-Louis désormais apanage de l’UC Louvain. Rendez-vous est pris.

En savoir plus sur le travail de Zoé Marlier et l’avis du jury.