Si on a pris l’habitude de voir de nouvelles coopératives émerger dans le secteur de l’alimentation et de l’énergie, elles sont plus rares dans d’autres secteurs d’activités. En l’occurrence, le projet de Matthieu Bonaventure, Sébastien Noël, David Nerinckx et Thibault Zaleski ne manque pas d’originalité. En effet, leur ambition est d’acquérir collectivement le lieu-dit « Le Grand Bois », une forêt privée de 80 hectares en vente depuis l’été 2018, pour en faire un bien commun, géré collectivement par ses coopérateurs, dans le respect de sa biodiversité.
De moins en moins d’espaces verts
Comme nous l’explique David Nerinckx, depuis plusieurs années, la région subit une forte pression immobilière et il n’est pas rare de voir des espaces verts privatisés et/ou transformés en logements, réduisant ainsi les lieux de rencontre entre citoyens. En l’état, « Le Grand Bois » n’est pas à proprement parler inaccessible, dans le sens où il n’a pas de garde-chasse, ni de dispositifs particulier pour entraver son accès. Pas de menace immédiate donc, mais le risque que la situation change avec un nouveau propriétaire. « On s’oppose à l’idée de rester passifs et de prendre le risque de perdre ce magnifique espace », souligne notre interlocuteur. « Il y a d’autres exemples dans la région qui nous incitent à prendre les devants et à s’assurer que le lieu restera accessible à tous. C’est aussi une formidable occasion d’y créer un écosystème et nos nombreuses rencontres de ces derniers mois montrent qu’il y a un réel engouement pour ce type d’initiative. Parmi nos 250 premiers coopérateurs, deux proviennent même du Québec ! », se réjouit-il.
Une exploitation raisonnée
Le bois, qui présentait une activité d’extraction d’argile jusque dans les années 70, est depuis 1993 protégé par le statut de Site de Grand Intérêt Biologique et est également classé Natura 2000. Cela signifie qu’aucun projet immobilier ne peut y voir le jour, de même que toute activité économique qui nuirait à la préservation de sa biodiversité. Dans le cas où la coopérative naissante parviendrait à constituer suffisamment de capital pour remettre une offre d’achat compétitive, la volonté est de découper l’espace en deux zones.