Ministres fédéral, wallon et bruxellois : du beau monde était présent pour envisager le rôle de l’économie sociale dans l’après-crise et la nécessaire transition vers une autre économie, en y ajoutant la focale systémique du marché unique européen. Il faut dire que la Belgique est – une fois n’est pas coutume – l’un des bons élèves de la classe avec 18.000 entreprises sociales dans le tissu économique national, générant 1 emploi sur 8 et une croissance continue ces dix dernières années. Fondée pour donner une réponse à des défis collectifs, celle-ci se profile comme l’alliée indispensable de la sortie de la crise et de la génération d’un après, en rupture avec un modèle qui accumule richesses, inégalités et dégâts.
Vice-premier ministre, ministre de l’Economie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne insiste tout d’abord sur le fait qu’elle comporte les qualités intrinsèques pour reconstruire une économie post-covid : création d’emplois, ancrage et mobilisation d’acteurs locaux, résilience, capacité d’innovation et de mobiliser différentes ressources, faculté d’émanciper les groupes sociaux les plus fragilisés. ‘Elle se fond dans les 17 objectifs de développement durable promus par l’ONU et crée activité et valeur sur le territoire, là où la crise aura démontré toutes les difficultés d’approvisionnement auxquelles nous sommes confrontés dans une logique de marché mondialisé’.
A l’échelon régional, la Ministre Christie Morreale rappelle le caractère pionnier de la Wallonie, une des premières instances à installer un cadre légal, avec son décret de 2008, 12 ans avant une déclaration de Tolède, dans laquelle la Belgique et 17 autres pays européens se sont engagés à promouvoir l’économie sociale dans l’Union européenne. ‘L’économie sociale doit être un des leviers de la relance et la Wallonie y travaille concrètement. Ce sont par exemple des projets de hubs logistiques pour les circuits courts, une campagne de promotion qui vise à sensibiliser les jeunes et susciter des vocations, du soutien à l’innovation sociale et au changement d’échelle de nos entreprises dans des domaines prioritaires comme l’énergie, l’économie circulaire, la culture ou encore le logement’.
‘L’apparition ces dernières années de la notion de Responsabilité Sociétale des Entreprises (ndlr : lire à ce sujet l’intéressante analyse de l’affaire Danone par Marek Hudon) démontre qu’il y a un questionnement des modèles et un infléchissement systémique qui devrait permettre de construire des ponts entre les acteurs de l’économie sociale et ceux de l’économie classique’ commente Barbara Trachte, secrétaire d’état bruxelloise à la transition économique.