RESSOURCES : des projets et une ambition au service d’Acteurs de l’ES en reconquête de leur économie circulaire

Créée il y a 25 ans, RESSOURCES fédère en Wallonie et à Bruxelles 75 entreprises sociales et circulaires qui contribuent à la nécessaire transition sociétale en développant des modèles innovants en matière d’économie circulaire. De vraies solutions concrètes, écologiques et solidaires, chiffres à la clé : 85.000 tonnes de biens collectés en 2023, soit une augmentation de 70% en moins de 15 ans, 170 points de vente, plus de 2000 travailleurs dont une grande partie en insertion socio-professionnelle. Un secteur qui compte économiquement, précurseur et porteur de sens.

Mais aussi victime de son succès. ‘En effet, la seconde main n’est plus un secteur de niche’ commente Franck. ‘Pour des raisons évidentes d’opportunité, le secteur privé classique s’y est intéressé et le marché s’est considérablement ouvert. Nous payons en quelque sorte la rançon du pionnier : la Récup’ est devenue tendance et il est de plus en plus difficile pour nos entreprises de mettre la main sur un gisement de qualité. L’écrémage s’effectue par le haut, en direct sur les plateformes en ligne. De grandes fédérations sectorielles s’y intéressent, notamment dans le textile où la seconde main représente désormais 30 à 40% des échanges monétaires. Face à ce phénomène de mercantilisation de la filière, nous demandons que ce pan d’activité reste à finalité sociale’. Ou aborder l’économie circulaire par l’économie sociale, elle qui en a produit des acteurs historiques comme Terre ou Les Petits Riens.

A cet effet, et à quelques mois d’un scrutin multiple, RESSOURCES publie un mémorandum et propose 10 mesures phares. Aux divers niveaux de pouvoirs concernés (régional, fédéral, européen), elle demande ‘l’élaboration et la mise en œuvre d’une législation relative à la réutilisation, la réparation et la gestion des déchets et, plus encore, à l’écoconception et à une consommation raisonnée/durable’. ‘Nous avons besoin que l’économie sociale soit discriminée positivement, qu’elle bénéficie de financements ad hoc et de mesures facilitatrices au vu de la chaîne de valeur qu’elle crée localement et en circuit court.

Partant du principe pollueur payeur, le REP vise à favoriser l’éco-conception et met les producteurs et metteurs sur le marché face à leurs responsabilités quant au cycle et la fin de vie des produits (voir en France, pays particulièrement avancé sur la question, notamment quand elle la relie à l’ESS).

Cap sur les outils : sOOrs cOOp et larecup.be
Pour changer d’échelle et regagner sa position de leader, l’économie circulaire et sociale wallonne et bruxelloise s’organise et lance deux projets d’envergure : le premier concerne la digitalisation de ses entreprises, le second la commercialisation de ses biens de seconde main. ‘sOOrs cOOp est une coopérative créée par Terre, la Ressourcerie Namuroise, 3R, notre fédération, ainsi qu’un consultant externe qui nous a accompagnés dans la démarche. Elle vise à renforcer notre compétitivité et réduire la fracture numérique qui peut être à l’œuvre dans les entreprises sociales, essentiellement au niveau des travailleurs les plus précarisés. Nous avons un grand défi sectoriel d’amélioration des process et d’intégration de la chaîne logistique, de la collecte à la comptabilité. L’objectif de sOOrs cOOp est de doter les entreprises sociales d’un outil de gestion agile et harmonisé, un ERP qui puisse répondre à la complexité des flux’. En phase de test, le programme développé sur base de la structure Odoo devra aussi faciliter le reporting, une donne essentielle pour justifier l’impact des entreprise sociales.

L’autre grand chantier est la création d’une marketplace digne de ce nom. ‘Si je vous parle de seconde main, vous allez directement penser à 2emain.be ou Vinted. Une stratégie digitale ambitieuse est nécessaire pour notre secteur, qui doit se doter d’une plateforme performante qui se différencie de ces acteurs. Avec l’identité larecup.be sur les réseaux sociaux, nous avons déjà installé quelque chose de fort, suivi par plus de 15.000 personnes. Nous travaillons en 2024 sur le développement d’un outil vitrine en ligne qui permettra tant de vendre que de collecter, car la vente web peut aussi devenir un canal d’approvisionnement. Il est temps de faire connaître la marque beaucoup plus largement, d’embarquer les entreprises sociales qui sont prêtes à cette aventure digitale qui est amenée à prendre une dimension nationale’. Financé dans le cadre du plan de relance wallon, le futur site larecup.be devrait pouvoir vous accueillir dès la fin de cette année. D’ici là se posent encore de nombreux challenges, comme celui d’une chaîne logistique (livraison, service après-vente) la plus verte possible, et peut-être d’autres opportunités d’en développer les maillons complémentaires, en économie sociale bien sûr.

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