Payer ce que l’on consomme : la transparence radicale
Contrairement aux opérateurs traditionnels, Ourcorp a fait le choix d’une tarification au compteur. « Pour qu’un opérateur mobile puisse faire du bénéfice avec un abonnement au forfait, il faut qu’une majorité de clients paient plus qu’ils ne consomment réellement », explique Rizlaine Kabbali, co-fondatrice d’Ourcorp. « Nous ne trouvons pas ça juste, nous ne voulons pas jouer à ce jeu-là. » Leur offre repose donc sur une cotisation fixe (4 €/mois ou 6 €/mois avec 4G/5G), au-delà de laquelle les clients paient uniquement ce qu’ils consomment.
Dans cette logique, les consommations sont facturées au prix coûtant, sans aucune marge, ce qui rend les tarifs particulièrement avantageux, y compris pour l’international (appels vers l’UE à 4 centimes/minute). C’est précisément parce qu’aucune marge n’est prise sur les communications que le projet repose sur une cotisation fixe, indépendante des usages. Et pour éviter les surprises, l’abonnement fonctionne en prépayé : chacun définit à l’avance le budget qu’il souhaite allouer à sa consommation, et peut l’ajuster au cours du mois si nécessaire.
Une autre particularité de l’opérateur est sa gestion du roaming. Alors que les acteurs classiques incluent le roaming dans leurs forfaits, répercutant ce coût sur l’ensemble des abonnés, Ourcorp propose une formule où seuls ceux qui voyagent paient pour leur consommation à l’étranger. En Belgique, il s’appuie sur le réseau de Telenet pour fournir ses services.
Trois piliers, un pouvoir collectif
Mais ce qui le distingue véritablement des autres acteurs du marché, c’est sa volonté de donner le pouvoir aux utilisateurs. L’opérateur est en train de développer une application qui permettra à ses clients de contrôler directement l’orientation de l’entreprise. « Pas de réunions incessantes, le pouvoir est dans votre poche ! », promet Ourcorp.
Les bénéfices générés par l’activité seront répartis selon les souhaits des membres entre trois piliers fondamentaux :
- Le Développement : financer l’expansion d’Ourcorp vers d’autres services commerciaux, en ciblant des secteurs dominés par de grands acteurs capitalistes.
- Les Dons : soutenir des ONG, des projets locaux, des artistes ou encore des médias indépendants, sélectionnés par les utilisateurs.
- La Démocratie : développer des outils permettant davantage de gouvernance directe et participative au sein de l’association, qui a « choisi le statut d’ASBL pour garantir un fonctionnement désintéressé et collectif ».
Derrière ces trois piliers, une ambition claire : faire de la téléphonie un outil d’action collective. « Notre objectif n’est pas de rester un simple opérateur mobile, mais de grandir pour gagner en pouvoir et confronter les grands groupes », annonce Rizlaine Kabbali. « Nous voulons porter la voix du peuple et lui redonner une vraie place dans les décisions ».
Pour concrétiser cette vision, Ourcorp a établi des paliers clairs. La rentabilité devrait être atteinte à partir de 3500 membres. Une fois le seuil des 7800 membres franchi, l’organisation pourra redistribuer environ 10 000 euros par mois, lancer son application participative et renforcer ses actions solidaires.
Un réseau solidaire en construction
L’organisation avance main dans la main avec d’autres structures de l’économie sociale pour élargir son impact. Certaines ASBL deviennent des points de contact, des relais de terrain, et l’équipe multiplie les initiatives pour se faire connaître. Des liens se tissent avec des partenaires aussi divers que Neutrinet, fournisseur d’accès internet libre et auto-hébergé, La Tanière, maison d’édition indépendante et « boîte à outils éditoriale pour humains singuliers », ou encore l’ASBL Heaven, qui vient en aide aux familles palestiniennes. Une campagne de dons vient tout juste d’être lancée pour permettre à Ourcorp d’être présent au festival LaSemo, avec un stand sur place afin de proposer des cartes SIM aux festivaliers.
L’aventure, lancée par un couple engagé, rassemble aujourd’hui une dizaine de bénévoles qui veulent bâtir une alternative concrète et collective. Avec sa vision résolument participative et orientée vers l’intérêt collectif, Ourcorp vient enrichir l’écosystème télécom de l’économie sociale belge – jusqu’ici occupé uniquement par la coopérative Neibo. Dans un contexte où les consommateurs cherchent de plus en plus à donner du sens à leurs choix, Ourcorp trace une voie originale : celle d’un opérateur mobile où l’on décide ensemble ce que nos forfaits financent et où l’on se réapproprie nos outils de communication.
Pour plus d’informations sur Ourcorp et ses services : ourcorp.be