Nubo : une nouvelle alternative aux GAFAM

Nous suivions déjà avec intérêt les étapes franchies par la première coopérative belge de téléphonie mobile Neibo, qui devrait distribuer ses premières cartes SIM au mois de septembre. C’est avec enthousiasme que nous vous annonçons désormais la naissance de Nubo, une coopérative à finalité sociale active dans les services web. Une initiative réjouissante qui vient non seulement renforcer la diversité des services proposés par les entreprises sociales, mais qui rappelle aussi que l’économie sociale s’inscrit depuis longtemps dans une démarche de logiciel libre, de par ses principes de transparence et de coopération, au service de la collectivité. Imaginée il y a un peu plus de deux ans, la coopérative vient de se constituer et donne le coup d’envoi à sa première campagne de levée de fonds, avec une part fixée à 25 € et l’ambition de mobiliser les 50 000 € nécessaires au lancement de son activité.

« Si c’est gratuit, c’est toi le produit »
Nous avons déjà tous entendu ou lu cette phrase et elle reflète parfaitement notre rapport aux services que nous utilisons quotidiennement en ligne. Il faut dire que les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) sont partout, tout le temps, et il est bien difficile d’en faire abstraction. L’exemple le plus parlant est sans doute Google Maps, ou encore Gmail, clé indispensable pour bénéficier d’autres services largement répandus, à commencer par le Play Store, principal portail d’applications pour nos smartphones sous Android. L’enjeu pour les défenseurs du logiciel libre est de sensibiliser les consommateurs à la préservation de leurs données privées, et de les inviter à utiliser des alternatives libres et tout aussi fonctionnelles. Les services gratuits que nous utilisons se rémunèrent en revendant nos données, allant de notre simple âge à nos préférences culinaires ou bien, plus croustillant encore, notre revenu mensuel. Ces données constituent une mine d’or pour les experts en marketing digital et autres stratèges des grandes entreprises.

Rendre le logiciel libre plus accessible
Déjà actifs dans six associations parmi lesquelles figurent Domaine Public, Cassiopea et Neutrinet, les fondateurs de Nubo avancent trois raisons qui les ont poussés à offrir ce nouveau service. La première est purement éthique et consiste à mettre à disposition un service de mail et de cloud facilement utilisable et à moindre coût aux associations et citoyens, qui préserve leurs données. « Des alternatives aux GAFAM existent depuis longtemps, mais pour monsieur tout le monde, elles ne sont pas suffisamment accessibles et se cantonnent à un réseau d’initiés », nous précise Martin Cocle, co-fondateur. La deuxième raison est que les métiers du numérique ont fortement évolué et qu’il était nécessaire de se réinventer. « La question de la taille critique est devenue prépondérante et nous avons constaté la nécessité de s’associer pour être plus forts ». Enfin, la dernière raison évoquée est l’actualité, avec la prise de conscience progressive des citoyens qui laisse penser que le marché arrive à maturité pour ce type de produit.

C’est une des raisons pour laquelle Nubo veut s’implanter à un niveau local, en l’occurrence à Bruxelles et dans les Brabants wallon et flamand. « On veut être proches de nos utilisateurs, pouvoir les rencontrer et leur fournir un bon service technique. Relocaliser l’économie et décentraliser internet sont deux points auxquels nous accordons une attention toute particulière ». Pour atteindre une stabilité financière, la coopérative devra trouver entre de 2000 à 2500 utilisateurs réguliers, qui paieront un abonnement symbolique de 2,5 € par mois pour un espace de stockage de 5 Go. « C’est le prix d’un café par mois, mais ça n’en reste pas moins une inconnue pour nous. Les gens ont l’habitude d’utiliser ce type de service gratuitement ». Pour mettre toutes les chances de leur côté, les fondateurs annoncent un grand nombre d’alias gratuit, un agenda intégré ainsi qu’une fonction de carnet d’adresses pour la boîte mail. Quant au cloud, l’accès mobile devrait être opérationnel dès le début. Dans un deuxième temps, les développeurs étudieront la faisabilité d’élargir leur offre à l’édition de documents en commun, la conférence en ligne et le sondage.

La force du collectif
Précisons pour conclure que Nubo ne fait pas cavalier seul, loin de là, puisqu’il participe au mouvement CHATONS, pour collectif des hébergeurs alternatifs, transparents, ouverts, neutres et solidaires. Le collectif rassemble de nombreux acteurs du logiciel libre et a été initié par Framasoft, connu pour offrir une panoplie de services libres en ligne. « Nous ne sommes pas dans une logique de concurrence. On s’enrichit tous de nos expériences locales », conclut Martin. Si le service vous intéresse, nous vous invitons à vous rendre sur leur site internet pour prendre une part, en attendant de pouvoir souscrire à un abonnement !

Pour plus d’infosrmations, rendez-vous sur https://nubo.coop/fr/