C’est une bien triste nouvelle qui a été communiquée ce 26 octobre aux 117 000 coopérateurs.trices de la banque citoyenne et éthique NewB.
N’étant pas parvenue à réunir les 40 millions d’euros nécessaires à la pérennisation de son activité bancaire, la structure est dans l’obligation de démanteler ses services de comptes et de crédits.
Le 26 novembre prochain, son avenir – hors licence bancaire – sera décidé à l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire.
Interrogé par L’Echo, son CEO Thierry Smets a affirmé qu’il est encore trop tôt pour faire le bilan de cet échec : « Nous sommes dans le rush du démantèlement. Et nous sommes encore trop dans l’émotionnel pour examiner en détail les raisons de cet échec. Mais je reste convaincu que c’était un beau projet qui aurait mérité plus de soutien, notamment de la part des pouvoirs publics., Nous avons été pris dans un jeu politique qui nous dépasse. Surtout, nous avons souffert d’un contexte défavorable avec les taux d’intérêts négatifs. Nous avons certainement fait des erreurs. Mais il est trop tôt pour faire une analyse post-mortem de NewB ».
S’il est en effet encore trop tôt pour en tirer des conclusions, ce revers majeur montre à quel point l’environnement dans lequel NewB a du évoluer est particulièrement compliqué et hostile à de nouveaux arrivants, d’autant plus si ces derniers nourrissent une ambition sociale et environnementale forte. Entre les taux d’intérêt négatifs, les multiples crises que nous avons traversées, la réglementation très stricte du système bancaire, et un modèle économique qui repose traditionnellement sur des investissements à forte empreinte carbone, les défis à relever auront été trop nombreux pour la structure naissante.
Transfo reviendra sur le sort de NewB à la suite de son assemblée générale du 26 novembre, mais nous pouvons d’ores et déjà saluer tout le travail effectué par ses équipes au cours des dernières années. Cet échec ne retire en rien la formidable aventure humaine de NewB, qui aura eu l’énorme mérite de bousculer le système bancaire établi, de questionner ses pratiques, et de sensibiliser les citoyens et décideurs à une autre banque, plus humaine et durable.
NewB est aussi l’illustration amère qu’on ne peut exiger des acteurs de transition les mêmes indicateurs de retour sur investissements que des acteurs classiques, dont le business model ne doit pas jongler avec des ambitions sociales et environnementales aussi ancrées dans la raison d’être de l’entreprise. Pour s’engager collectivement dans un processus de transition probant, à tous les échelons du tissu économique, les cadres de financement et d’accompagnement doivent évoluer. Cette évolution nécessite une prise de conscience collective et politique. Il ne s’agit pas de se contenter d’encourager la création d’alternatives qui démontrent, à petite échelle, qu’une autre économie existe. Il s’agit de faire de ces alternatives le nouveau modèle dominant.
Rendez-vous le 26 novembre pour la suite.