La crise actuelle a mis en évidence les dysfonctionnements profonds de nos manières de consommer : achats de panique, égoïsme des quantités, dépenses via les plateformes numériques favorisant les marchandises lointaines et les conditions de travail au rabais… A l’inverse, à la faveur d’une privation contrainte et de l’intelligence du temps ralenti, cette même crise semble avoir revigoré l’approvisionnement en circuits courts et toute la thématique de la relocalisation. Face à la crainte d’assister à un phénomène éphémère (le retour au local) mais aussi à celle d’une généralisation inconfortable des normes sanitaires dans nos achats de proximité, la dynamique proposée par les monnaies citoyennes prend encore plus de sens aujourd’hui.
Mais comment faire circuler les monnaies locales, majoritairement sous forme papier quand on nous fait croire que ce moyen est devenu un dangereux vecteur de transmission ? Rien n’est plus faux ! De l’OMS à la Banque Centrale Européenne, tout le monde confirme que le papier n’est certainement pas plus transmetteur de microbes ou de virus que tous les supports plastiques que nous touchons et utilisons à de nombreuses reprises dans une seule journée. Le risque de contamination est même plus faible sur le papier. En tout état de cause, la consigne reste la même : lavez-vous les mains et maintenez une distance physique, quel que soit le moyen de paiement !
Restaurer la légitimité de la monnaie papier c’est créer un lien économique concret et, de fait, contourner le système bancaire, se détacher des acteurs privés commercialisant des moyens de paiement électronique coûteux (0,30€) à charge du commerçant. Reprendre et développer notre habitude de payer cash, nous permet aussi de ne pas céder au traçage généralisé qui s’annonce, acceptable probablement pour la maladie, mais potentiellement nuisible pour tellement d’autres choses, qui permettraient, à terme, de valoriser, marketer et finalement financiariser nos comportements.