Médor a enquêté sur l’alcool : on boit trop, mais on s’en fout !

Trêve de plaisanterie. Entre avril et juin 2018, Médor a mené une enquête tout à fait sérieuse sur le rapport des Belges à l’alcool. Une enquête « ouverte », dans laquelle les lecteurs ont été invités à répondre à un questionnaire abordant autant de sujets que le rapport intime à l’alcool, la place de la boisson au travail ou encore la légitimité de Jupiler comme sponsor officiel de la première ligue du championnat belge de football. Au total, plus de 2 590 personnes ont répondu à l’appel. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les résultats posent question sur l’influence de l’alcool sur notre société !

62 % des Belges estiment boire trop

Tout d’abord, 62 % des Belges interrogés ont l’impression de boire trop d’alcool. Seuls 5 % des personnes interrogées ne boivent pas. 32 % des répondants déclarent boire de l’alcool trois à cinq fois par semaine, et près de d’une personne sur six boit une à trois fois par jour. A la question « pourriez-vous vivre sans alcool ? », 16 % des répondants ont répondu « avec difficulté », 8 % « ce serait hyper dur » et 31 % « moyennant quelques efforts ». Premier constat : l’alcool semble  bien ancrée dans nos habitudes.

L’alcool : un vecteur de réussite sociale ?

Autre point intéressant, il semblerait que pour près d’un tiers d’entre nous, l’alcool est un ingrédient indispensable à la réussite sociale. 50 % des répondants déclarent même s’être déjà sentis « obligés de boire de l’alcool pour ne pas avoir l’air rabat-joie », notamment dans un contexte professionnel. Pour l’employeur, l’influence de l’alcool n’est pas sans risques, puisque 14 % des personnes interrogées ont déjà divulgué des informations qui auraient dû rester secrètes. Quand on vous dit que l’alcool délie les langues…

L’influence préoccupante de l’alcool sur la sexualité des jeunes

L’enquête révèle aussi les conséquences néfastes que peut avoir l’alcool chez les jeunes. Ainsi, la proportion des 20 à 39 ans déclarant avoir déjà accepté ou « pratiqué » des relations sexuelles non désirées sous alcool est de 30 %, soit près d’un jeune sur trois ! Ce chiffre baisse à 20 % dans la tranche d’âge 40 à 59 ans, pour descendre à 17 % chez les 60 à 69 ans, ce qui interroge sur l’évolution de la consommation d’alcool chez les jeunes. Dans le même ordre d’idées, 25 % des répondants de 20 à 29 ans affirment s’être déjà réveillés sans savoir ce qu’ils ont fait avec une personne dans leur lit. Une nouvelle fois, ce chiffre baisse à moins de 15 % chez les plus de 40 ans. Enfin, près de 40 % des répondants ont déjà subi une forme de violence physique ou verbale d’un conjoint sous emprise. Un constat qui vaut ici pour toutes les tranches d’âge.

Le paradoxe de la boisson

Pour Pierre Maurage, chercheur en alcoologie à l’UCL et au FNRS, les résultats démontrent surtout qu’aucun autre produit ne génère un comportement si ambigu que l’alcool. On pense parfois qu’on boit « trop », qu’on fait « des conneries qu’on regrette », mais on continue de boire et on se trouve tous assez modérés. Un paradoxe qui profite évidemment aux producteurs et distributeurs d’alcool.

L’alcool : symbole de la belgitude ?

Pour terminer sur une note plus légère, intéressons-nous à la place de l’alcool dans notre paysage culturel. Sachez que 2,59 % des répondants sont fiers que le championnat de Belgique en ligue 1 de football porte le nom d’une bière, contre 39 % qui s’en fichent royalement et 35 % qui trouvent que c’est un scandale. Quant à la bière comme symbole culturel, ils sont 11 % à trouver cela génial, 9 % honteux, contre 22% d’indifférents et 52 % qui n’y voient pas d’anormalité.

Sur ce, il ne nous reste plus qu’à vous inviter à découvrir l’interview intégrale de Pierre Maurage et tous les résultats de l’enquête sur https://alcool.medor.coop/. Bonne lecture !

Adrian Jehin – ConcertES