Levée de fonds réussie pour Urbike

Créée en 2018, Urbike a connu un succès assez rapide, dans un segment relativement récent de la logistique, celui qui délivre en ville et assure les derniers kilomètres à vélo. En effet, elle fournit déjà de l’emploi à 41 personnes (25 ETP), sous différents statuts (employé, indépendant, contrat Smart, étudiant), pour 150.000 colis livrés à l’année. ‘Notre objectif est d’avoir quadruplé ce chiffre d’ici 2026’ explique Renaud, co-fondateur. ‘Nous voulons également tripler notre effectif et atteindre les 120 travailleurs, ce qui nous semble le seuil critique pour pouvoir encore assurer une vraie gouvernance participative, une autre de nos ambitions’.

Les deux dernières années auront à cet égard permis pas mal d’avancées : ‘c’était un enjeu pour nous, quelque chose d’inscrit dans notre ADN, mais à matérialiser. Je pense pouvoir désormais dire que nous sommes une coopérative de travailleurs. Nous avons pour cela mené différents chantiers en interne, ouverts des espaces de discussion et de décision. Afin d’augmenter nos chances d’adhésion, nous les avons volontairement menés sur des questions très concrètes, des aspects métiers, mais aussi la définition de nos projets prioritaires pour l’année à venir. Il y a désormais vingt travailleurs au sein de l’assemblée générale, dont un qui est membre du conseil d’administration. Il nous aura fallu le temps de mettre cela en place, et c’est une dimension qui demande un travail de fond. Malgré tout, la participation n’est pas quelque chose d’ancré dans notre inconscient collectif’.

Le financement participatif l’a quant à lui davantage pénétré : la coopérative a levé 750.000€ auprès des citoyens, suscitant au passage l’arrivée de 369 nouveaux coopérateurs. ‘C’est beaucoup plus qu’espéré !’ La Région bruxelloise a également apporté 250.000€ via le dispositif Coop us (100.000 en capital, 150.000 en prêt) tandis que la Fondation pour les Générations Futures et Smart ont eux aussi contribué. ‘Ce montant va nous permettre d’investir dans le matériel, les ressources humaines, l’infrastructure. Le tout est pour nous maintenant de trouver le lieu adéquat où installer notre nouveau hub, idéalement une surface entre 500 et 2000 m² dans le sud de Bruxelles’.

Cette question cruciale des infrastructures logistiques fait partie des enjeux d’un secteur bien aidé dans notre capitale par des politiques publiques telles que Good Move (plan de mobilité régional), le Green Deal logistique basses émissions, ou encore la Shifting Economy (transition de l’activité économique). ‘Avec cette stratégie, des entreprises conventionnelles s’intéressent à nos modèles organisationnels et c’est très positif pour les acteurs de l’économie sociale, qui peuvent démontrer toute leur capacité à développer professionnellement des produits et services de qualité, avec un impact positif sur la société. Si la cyclo-logistique veut quant à elle prendre de l’ampleur dans nos villes, il faudra par contre des politiques urbaines audacieuses, des routes en meilleur état, des hubs adaptés à la réalité du maillon que nous formons dans la chaîne (surface, accès, localisation)’. Chez Urbike, on se réjouira en tout cas d’avoir vu arriver en 2022 des clients tels que Facq et Cebeo, grossistes dans le secteur de la construction, séduits par la fonctionnalité de la solution et le gain de temps apporté pour la livraison sur chantier.

Un contexte climatique favorable… et des tricheurs
A Liège, travaux du tram faisant, la circulation n’est simple pour personne, ci-compris la coopérative Rayon9, elle aussi membre de la BCLF. ‘C’est à la fois positif pour nous car certains commerces sont beaucoup plus facilement atteignables en vélo-cargo et nous sommes donc sollicités’ confie Serge, son coordinateur, ‘mais c’est une charge pour les coursiers car le stress est palpable sur les routes’ tant la ville est constamment engorgée.

Créée en 2016, Rayon9 observe aussi avec optimisme le développement du secteur, malgré une année 2022 un peu en dedans. ‘Les enjeux climatiques font que les entreprises rentrent davantage dans des logiques RSE qui nous sont profitables. Les collectivités s’interrogent, et font appel aux acteurs de la cyclo-logistique pour des missions de consultance. D’autre part, la crise nous impacte également, avec notamment une hausse des salaires significative qui se répercute dans nos tarifs’.

Le pavé jeté dans la marre, reste au législateur à s’en saisir. ‘Ce phénomène de concurrence déloyale a été remonté auprès du Ministre Dermagne et devrait être traité en priorité en 2023. Du côté de la Belgian Cycling Logistics Federation, nous nous réjouissons d’un subside fédéral à venir pour faire le suivi de ce type de questions. La loi postale a été récemment révisée, sans que nous soyons conviés à la table des discussions. Des marchés publics futurs pourraient inclure des clauses environnementales. Ce travail de représentation et de lobbying est important, tout autant que développer les interactions entre les différentes structures membres. Il y a en tout cas un réel engouement à travailler ensemble au niveau belge, mais aussi à l’échelon international avec CoopCycle, qui compte une septantaine de membres. Tout cela est très motivant !’