Les enjeux de notre alimentation sont primordiaux et interconnectés. Ils nécessitent une politique qui intègre et coordonne tous les secteurs – santé, emploi, formation, agriculture, économie, social, environnement- et la mise en application des principes de sécurité et souveraineté alimentaires. L’état alarmant de notre santé le justifie. En Belgique, près de 50 % de la population est en surpoids et nous sommes le 4ème pays européen où le cancer frappe le plus. L’alimentation est un facteur déterminant de la santé. Or elle est une variable d’ajustement dans le budget de plus en plus de ménages. Il est symptomatique que depuis 4 ans, les quantités d’aliments bio achetés en Wallonie soient en recul. Pensant faire une économie sur la nourriture, nous la payons pourtant deux fois. Des études[5] démontrent les coûts cachés de notre alimentation. Pour un euro dépensé dans l’alimentation, la collectivité en paie autant en soins de santé (0,5€), en dégâts sur l’environnement (0,3€) et en perte d’emplois (0,2€).
Notre sécurité alimentaire est menacée par la disparition de la profession agricole et par la faible part de nos surfaces agricoles vouée à l’alimentation des Wallon.nes. Sur les 30 dernières années, la Wallonie a perdu 57% de ses exploitations et risque d’en perdre encore 56% dans les 10 prochaines années. Par ailleurs, seuls 16% de la production agroalimentaire wallonne nourrissent nos citoyens. Il est donc vital de soutenir nos agriculteur·ice·s et leur fonction nourricière.
L’objectif, c’est l’accès à une nourriture de qualité pour tou·te·s les Wallon·ne·s, en priorité à base de produits locaux et qui permet aux agriculteur·ice·s et acteur·ice·s des filières de vivre dignement. La mondialisation du marché des matières premières agricoles est gangrenée par la spéculation et le nivellement par le bas des prix et de la qualité. Elle a atteint ses limites. Le blocage de l’échangeur de Daussoulx par les tracteurs en témoigne. Et dans le même temps, on vient de dépasser le nombre de 600.000 personnes recourant à l’aide alimentaire en Belgique.
La dégradation environnementale s’accélère de manière exponentielle. Le nombre d’oiseaux, d’insectes et de vers de terre a diminué de plus de 80% ces cinquante dernières années. Or sans les insectes pour polliniser les cultures et fertiliser les sols, nous allons dans le mur. Nos sols wallons accusent déjà un manque de matière organique dans 90% des surfaces sous culture.
Pour maîtriser ces enjeux majeurs, il faut impliquer l’ensemble des parties prenantes. En 2019, au terme des assises de l’alimentation durable, le Parlement wallon a voté la stratégie Manger Demain, portée par un Gouvernement MR-cdH et votée à l’unanimité. Elle fût ensuite mise en œuvre par le Gouvernement PS-MRECOLO, avec notamment la création du Collège wallon de l’Alimentation Durable, le plan d’action Food-Wallonia d’après Covid, le GREEN DEAL cantines durables ou encore des soutiens à la relocalisation de l’alimentation. Les citoyen·ne·s montrent leur engagement en s’impliquant au sein des Conseils de Politique Alimentaire, des festivals « Nourrir » ou encore des coopératives en circuit court. Toutes ces initiatives – et bien d’autres – sont déjà actrices d’une évolution nécessaire, concrète et transformatrice de nos systèmes alimentaires.