Chaque année, l’Observatoire de l’économie sociale, piloté par ConcertES, rend compte des dernières statistiques relatives à l’économie sociale en Belgique francophone. Son périmètre regroupe l’ensemble des employeurs qui ont adopté la forme d’ASBL, de coopérative agrée CNC, de société à finalité sociale, de fondation ou de mutuelle. Ces différentes formes juridiques traduisent les principes de l’économie sociale. Un périmètre prôné par le monde académique belge, mais aussi utilisé au niveau européen, ce qui permet des études comparatives. Pour sa 8ème édition, le dernier cahier de l’Observatoire rend compte des évolutions chiffrées de l’ES relatives aux années 2017 et 2018, tout en actualisant les données des années précédentes. Voici les principaux éléments qui ont retenu notre attention.
Une croissance continue de 2013 à 2018
Tant en Wallonie qu’à Bruxelles, le nombre d’entreprises d’économie sociale a connu une hausse continue, avec 6.639 entreprises comptabilisées à la fin de l’exercice 2018 en Wallonie, contre 4.795 en Région de Bruxelles-Capitale. Bruxelles a connu la hausse la plus significative, de l’ordre de 5,22 %, contre 3,3 % pour la Wallonie. Notre capitale connaît aussi le plus grand nombre d’entreprises ES par 100 000 habitants, soit 397. Dans l’ensemble, de 2013 à 2018, le taux de croissance de l’économie sociale a enregistré des résultats comparables à l’économie classique (privé – hors ES et public).
Un emploi sur huit et 20 % de la création nette d’emploi
Sur les cinq dernières années, le nombre total d’emplois ES a augmenté de 8,9 %, totalisant fin 2018 260.642 emplois en Belgique francophone, soit un emploi sur huit. A titre de comparaison, l’Observatoire nous informe que l’économique classique a vu ses emplois croître de 2 %. Une différence notable qui conforte la tendance enregistrée au cours des dernières années, et qui continue de positionner l’économie sociale comme modèle économique durable et pourvoyeur d’emplois.
De fait, on apprend que l’économie sociale connait un ratio de création nette d’emploi (20%) supérieure à son poids (12%) dans l’emploi total. Autrement dit, les entreprises sociales pourvoient proportionnellement plus d’emplois que les entreprises classiques, ce qui reflète leur principe de primauté des personnes et du travail sur le capital. Plutôt que de rémunérer des actionnaires, l’entreprise s’assure de créer et de maintenir des emplois durables. Un principe de bon sens qui met l’économie au service de l’humain, et non l’inverse. Un euro investi dans l’économie sociale rapporte donc plus en termes d’emplois que dans le reste de l’économie. Précisons ici que la création nette d’emploi correspond au solde entre les créations et les suppressions d’emploi.
Des activités très diversifiées
L’économie sociale n’est pas un « secteur » à part entière. En ce sens, elle est représentée par un ensemble d’organisations qui offrent une large palette de biens et services dans à peu près tous les champs de l’économie belge. Le secteur de la santé humaine et de l’action sociale, qui comprend les hôpitaux, les homes, les crèches et les garderies d’enfants, totalise le plus grand nombre d’emplois, soit 52,56 %. Suivent les « autres activités de services » (associations de jeunesse, pour l’environnement et la mobilité, etc.), avec 9,03 %, l’« éducation et formation » (en ce compris l’enseignement obligatoire), avec 6,3 % et les « activités titres-services », qui représentent 5,77 % de l’emploi total en ES. Parmi les autres secteurs d’activité, citons les « arts, spectacles et activités récréatives » (4,69 %), les « activités spécialisées, scientifiques et techniques » (3,05 %), l’« information et communication » (1,70 %), l’«agriculture, sylviculture et pêche » (0,20 %) ou encore la « construction » (0,07 %).
Une prédominance d’associations
L’économie sociale est constituée à 94,8 % d’associations, qui pourvoient 87,4 % de ses emplois. En matière d’emplois, viennent ensuite les sociétés à finalité sociale (4,2 %), suivies des mutuelles (3,9 %), des fondations (2,8 %) et des coopératives agrées pour le CNC (1,7 %). Parmi les progressions les plus nettes en matière d’emplois, retenons celle des SFS wallonnes (+ 21,7 %).
Deux fois plus de moyennes et de grandes entreprises
A l’instar de l’économie classique, l’économie sociale regroupe principalement des entreprises employant moins de 50 travailleurs (93,48 %). La principale différence s’observe néanmoins au niveau des entreprises de moins de 5 travailleurs, qui représentent 49,4 % des entreprises ES, contre 71 % des entreprises classiques. A contrario, il existe proportionnellement près de deux fois plus de moyennes et de grandes entreprises dans l’ES (6,5 % > 50 travailleurs) que dans le reste de l’économie (3,5 %).
Davantage de femmes et de temps partiel
Que ce soit en Wallonie ou à Bruxelles, les femmes sont davantage représentées dans l’économie sociale. La plus grande différence s’observe en Wallonie, où elles sont 74 %, contre 44 % dans l’économie classique. Parmi les autres spécificités de l’ES, on note davantage de temps partiel, qui concerne dans l’ensemble un travailleur sur deux (52 %). Si la situation est comparable à l’économie classique à Bruxelles, des différences notoires s’observent sur le territoire wallon. En effet, 68 % des femmes y sont employées à temps partiel, contre 54 % dans l’économie classique. Il en va de même pour les hommes, qui sont 31 % à temps partiel dans l’ES, contre 14 % hors ES.
En conclusion, les derniers états des lieux de l’économie sociale montrent avant tout une croissance continue de l’emploi en économie sociale, qui se confirme au gré des années. A l’heure d’écrire ces lignes, des groupes d’experts se penchent sur la stratégie de relance de notre économie. Au vu des éléments évoqués, l’Observatoire de l’économie sociale rappelle l’intérêt pour les décideurs publics de soutenir les acteurs de l’ES, dont la résilience et la posture économique sont stratégiques pour l’avenir d’une société en quête de renouveau.
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Source : communiqué de presse de l’Observatoire de l’économie sociale.