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08.04.20

Le boom des circuits courts : quels défis pour changer d’échelle ?

Depuis le début du confinement, les circuits courts ont la cote. De nombreux citoyens (re)découvrent les vertus de l’alimentation locale et durable, en partie pour fuir la morosité des supermarchés. Si ce succès est une bonne nouvelle en soi, il convient de ne pas en tirer des conclusions hâtives. Perspectives et enjeux pour notre sécurité alimentaire de demain.
© Beata Szparagowska
© Beata Szparagowska
  • Chez Paysans-Artisans, à Floreffe, les équipes mettent les bouchées doubles pour répondre à une demande en hausse constante depuis le début de la crise du COVID-19. « Au début, on a connu une forte affluence dans nos trois magasins, qui s’est ensuite stabilisée. Les ventes en ligne, elles, continuent de grimper. Cette semaine, il y a 1250 familles qui ont fait appel à nous. C’est un défi logistique », constate Benoît Dave, coordinateur de la coopérative. Un chapiteau d’urgence a été installé pour préparer les commandes. Les nécessaires mesures de sécurité ont été prises, et une quinzaine de couturières bénévoles ont confectionné des masques de protection pour le personnel. « Exceptionnellement, on propose aux personnes fragiles de livrer à leur domicile, mais cela ne représente au final que très peu de commandes ».

    Lancée en 2013, Paysans-Artisans ne cesse de se développer et compte aujourd’hui 30 employés et quelque 500 bénévoles, qui s’occupent entre autres des 18 points de R’Aliments. En amont, une centaine de producteurs sont à l’œuvre. Certains doivent pour ainsi dire « faire des miracles » pour répondre à la demande. Et tandis que les employés des supermarchés se rebiffent face à un actionnariat peu reconnaissant de leurs prises de risques, ici, les équipes se démènent pour tenir la cadence. « Nos équipes sont fières de relever le défi de cette hausse spectaculaire de la demande, mais aussi de contribuer à un changement sociétal. La mobilisation est très forte ».  

  • © Paysans-Artisans
    © Paysans-Artisans
  • Conscient que la situation est exceptionnelle, Benoît Dave n’en demeure pas moins optimiste pour l’après-crise. « C’est sûr que, dans le contexte de crise actuelle, c’est plus pratique et agréable de venir chercher son panier dans un point dépôt que d’aller dans les grandes surfaces, et cela explique sans doute en partie pourquoi nos commandes ont doublé. Cela dit, on sent que quelque chose est en train de naître chez les consommateurs. Le vieux système est à bout de souffle et les gens ne sont pas dupes. Il faut recréer de la transparence et de la confiance entre producteurs et consommateurs et réinventer des pôles de convivialité dans l’espace public, en recréant des commerces de proximité et des échanges directs entre producteurs et consommateurs. Ça va prendre des années, mais la transition est en marche ».

    Une tendance qui s’observe aussi dans la région de Liège, comme nous le confirme Christian Jonet, coordinateur de la Ceinture Aliment-Terre Liégeoise : « C’est vrai qu’Il y a un bond de la demande, surtout au niveau des commandes en ligne, mais il faut rester prudent pour la suite. Les gens oublient très vite et on a encore trop peu de recul par rapport à la situation. Et puis la réaction à la crise peut très bien aller dans les deux sens : il y a des individus qui n’achètent plus que des boîtes pour sortir le moins possible de chez eux ».

    Les circuits-courts : une tendance à la hausse, mais qui demeure marginale
    S’il est indéniable que les circuits-courts se sont développés ces dernières années, ce qui est évidemment réjouissant, les données disponibles ne permettent pas d’avoir une vision claire de leur part de marché. « Les chiffres dont nous disposons actuellement ne nous permettent pas de faire des estimations claires, mais je dirais que nous ne dépassons pas encore 5 % dans la Province de Liège », nous explique Christian Jonet. Par ailleurs, il observe qu’il y a certes un engouement de la part d’un certain nombre de consommateurs, mais que cela ne reflète pas pour autant la tendance sociétale, où la part du budget familial consacré à l’alimentation continue de baisser. Un écart paradoxal qui est amplifié par l’effet de loupe des médias, qui s’intéressent de près à ces alternatives. « Au sein de notre réseau, les coopératives de distribution ont vu leur chiffre d’affaires augmenter de 30 % de 2018-2019. Il faudrait comparer cela avec les géants de la grande distribution pour avoir une vue d’ensemble ».

    Une offre qui s’est diversifiée, et un modèle économique qui fait ses preuves
    Le temps où il fallait systématiquement passer par les groupes d’achat en commun est révolu. Le réseau de distribution des producteurs locaux est aujourd’hui plus étendu, et différentes formules ont été mises en place, avec une implication variable du consommateur. Pour reprendre l’exemple liégeois, il y a les systèmes de commande en ligne avec réception à un point de dépôt, comme chez Point Ferme ou La coopérative Ardente, mais aussi les supermarchés coopératifs, comme Oufticoop, et les magasins de quartier, de type Les Petits Producteurs. « Aujourd’hui, l’accès à une alimentation saine et locale est plus facile, même s’il faut continuer à développer l’offre ». Il y a aussi des outils pour faciliter la localisation des acteurs de transition, comme l’annuaire des entreprises sociales, la carte des alternatives liégeoises ou encore les applications Lowco et Mangez-local.

  • © Carte des alternatives liégeoises
    © Carte des alternatives liégeoises
  • Quant au modèle économique de ces réseaux d’alimentation durable, il s’appuie sur les principes de l’économie sociale, et mise sur une diminution des intermédiaires entre producteur et consommateur. L’objectif étant de mieux rémunérer les producteurs locaux, qui privilégient l’agroécologie à l’agriculture intensive, tout en offrant des aliments de qualité aux consommateurs, à des prix souvent inférieurs à des produits bio dans la grande distribution. « Le modèle coopératif à finalité sociale nous permet d’avoir une plus grande marge de manœuvre, puisque notre objectif n’est pas le profit en soi. On prône aussi la simplicité volontaire en limitant la gamme de produits en vente, et en privilégiant la vente en vrac, ce qui réduit les coûts de gestion ».  

    Quels défis pour changer d’échelle ?
    Pour Benoît Dave, la première condition de développement des circuits courts a été remplie, puisque la demande a désormais atteint un certain palier. A présent, il s’agit de développer l’offre, en renforçant le savoir-faire et l’encadrement de l’écosystème, tout en élargissant les parties prenantes. « Un de nos chantiers est de travailler main dans la main avec les magasins à la ferme, qui connaissent de plus en plus de succès. Nombre d’entre eux s’approvisionnent chez des grossistes de type Biofresh. Notre objectif est de les convaincre de se fournir chez les petits producteurs du réseau qui, à leur tour, feront appel à eux. C’est un cercle vertueux ». En concertation avec le Collectif 5C, il est prévu de lancer très prochainement un nouveau label pour stimuler le réseau.

    Un renforcement de l’écosystème qui passe aussi par le financement des infrastructures nécessaires pour récréer des filières, comme c’est le cas de l’aide Hall-relais agricoles. « Il y a des filières qui ont été démantelées au profit de l’international. Si on regarde notre production de céréales, on constate que seuls 9 % sont destinés à la population locale, et 11 % sont exportés. Le reste est utilisé pour nourrir les animaux et produire de l’agro-carburant. Ce qui fait que 2/3 de notre pain est importé », explique Christian Jonet.

    A n’en pas douter, cet aspect est intrinsèquement lié aux politiques publiques. Et si la tendance est plutôt encourageante à ce niveau-là, il est primordial que les bonnes intentions se transforment en mesures concrètes. « En Wallonie, il y a des signes encourageants, comme le soutien à la mise en place de conseils de politique alimentaire, qui répond à notre demande de démocratie alimentaire. Il y a aussi les politiques alimentaires durables, comme la stratégie « Manger demain », qui comprend le Green Deal Cantines Durables. On sent qu’il y a une prise de conscience du politique sur le potentiel de ses leviers d’action, mais pour l’instant, la mise en œuvre des annonces manque encore de concret et de moyens ».

    Et bien que la Politique Agricole Européenne pousse dans la mauvaise direction, notre interlocuteur rappelle que nos gouvernements ont une marge de manœuvre à saisir. Rappelons ici que l’organisation de notre sécurité alimentaire est un enjeu primordial au regard de la crise sanitaire que nous traversons, comme le rappelle un collectif d’experts dans cette opinion adressée à la Première ministre. Un contexte qui met en lumière les failles du commerce international, qui met à mal les filières orientées vers l’exportation, comme c’est le cas de la production laitière. L’intérêt de réinvestir le marché de la consommation locale est dès lors aussi de gagner en résilience économique.

  • © Beata Szparagowska
    © Beata Szparagowska
  • Parmi les autres défis à relever, mentionnons la problématique de l’accès à la terre, sur laquelle travaille la coopérative Terre-en-vue, et qui a fait l’objet de plusieurs articles de fond dans la nouvelle revue coopérative Tchak !. Le prix de l’hectare a connu une hausse de 25 % en cinq ans, et revient en moyenne à 45 000 €, ce qui est inconciliable avec les petites exploitations.

    Aussi, il importe de retravailler le message dominant qui est diffusé aux consommateurs par le biais du matraquage publicitaire. Comme nous l’explique la revue En Marche dans un article consacré aux ceintures alimentaires, « 80 % des publicités alimentaires destinées aux enfants de quatre à dix ans portent sur des produits trop gras ou trop sucrés ». Il apparaît donc nécessaire de mettre en place une réglementation plus stricte de la publicité et du marketing alimentaire, où ce sont les géants de type Danone, Nestlé et Kellogg’s qui tirent les ficelles.

    Enfin, il est important de revaloriser socialement et économiquement le métier d’agriculteur, et de former de nouveaux candidats à la mise en place d’exploitations durables. En trente ans, 68 % des fermes ont disparu en Belgique, et le revenu des producteurs est trop souvent indécent par rapport aux efforts qu’ils fournissent sur le terrain.

    En conclusion, si l’intérêt croissant pour les circuits courts est encourageant pour la suite, le chantier est encore de taille pour prétendre à un changement d’échelle. Un processus de longue haleine, qui ne se fera pas du jour au lendemain. Et si la crise nous faisait collectivement prendre conscience de l’importance de la relocalisation de notre alimentation ?

    Sources :
    Ceinture Aliment-Terre Liégeoise
    Paysans-Artisans
    Article publié dans En Marche : « Les ceintures alimentaires, une alternative au modèle agricole dominant ? »
    Opinion publiée dans La Libre Belgique : « Face à la crise historique engendrée par la pandémie de coronavirus, organisons notre sécurité alimentaire« 

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