Commune rurale éloignée des grands axes routiers, Comblain-au-Pont est marquée par les vestiges d’une activité économique qui aura décliné dans la seconde moitié du siècle dernier. A l’époque, une force de travail teintée par l’immigration italienne ou portugaise y empruntait encore les chemins vicinaux pour aller s’employer dans les carrières du coin, jusque Aywaille et Sprimont. Depuis, c’est un tissu associatif qui s’y est développé afin de relever les défis propres à un territoire quelque peu paupérisé, vide de grandes entreprises pourvoyeuses d’emploi. ‘La Teignouse fait partie des partenaires associatifs mobilisés dans le cadre de cet ambitieux plan de développement rural dont une des concrétisations sera la rénovation de l’ancienne Gare du Vicinal’ explique François Louon, responsable de l’ADL. ‘Celle-ci sera notamment affectée à des activités de stockage et de tri dans le cadre de la mise en place d’une filière structurée de second main’.
L’ADL de Comblain-au-Pont annonce l’amorce de plusieurs projets d’économie sociale sur son territoire

-
-
© MJ Architecture - avant-projet gare du Vicinal
-
ASBL luttant contre l’exclusion sociale sur onze communes en région Ourthe-Amblève-Condroz, La Teignouse y côtoiera notamment Cortigroupe, autre acteur d’importance dont l’expertise a été sollicitée par l’ADL, dans le cadre d’un consortium tripartite avec le CPAS. ‘La seconde main fait sens comme secteur à développer. Ce tiers lieu en accueillera deux filières: ‘textile’ d’une part, ‘mobilier et petit électro’ d’autre part. Nous y envisageons tri, réparation, upcycling, et création d’emplois en insertion socioprofessionnelle. Il s’agira d’un véritable pôle dédié à l’économie sociale et circulaire, pour un investissement de 500.000€’. Chaque semaine, les Mercredis du vêtement donnent dorénavant des couleurs au site, une occupation alternée qui permet aux deux entités précitées d’élargir leur collecte textile.
C’est que les débouchés de vente existent déjà en la matière : là où la Teignouse gère le magasin Fanfreluche (Aywaille), Cortigroupe vient d’annoncer l’ouverture de Rebelote (Comblain), sur le site de l’ancien complexe communal, lui aussi réorienté en pôle de services. ‘Rebelote est le prolongement d’un projet porté jusqu’alors par la CPAS. Notre volonté était de le professionnaliser et de le sortir d’une optique uniquement caritative, avec une vraie création de marque qui permette de toucher différents publics’. Le centre d’activités locales en déploiement offre par ailleurs des salles polyvalentes à la location et une cuisine aux normes AFSCA dont la gestion a été confiée au groupe d’économie sociale condruzien, qui devrait y installer une antenne titres-services.
-
© Rebelote
-
Objectif Zéro Chômeur
Mais ce n’est pas tout : les ambitions économiques de la commune, portées par une ADL sensibilisée à l’entrepreneuriat social, ne se limitent pas à ces projets. Ainsi, la dynamique collaborative avec Cortigroupe trouve encore des débouchés dans le logement. ‘Nous avons conclu une emphytéose de 27 ans sur l’ancien hôtel de Poulseur, dont des travaux de rénovation seront entamés en 2023. Ce bail incluait des clauses sociales, qui vont permettre à l’opérateur de renforcer ses piliers ‘formation’ et ’emploi’. On y trouvera trois habitations, confiées à leur Association de Promotion du Logement. Le rez-de-chaussée commercial devrait quant à lui accueillir des métiers en pénurie tournés vers le circuit court. On pense par exemple à une boucherie qui s’inscrirait dans une filière ‘viande’ raisonnée à créer’.Enfin, et c’est certainement le projet le plus ambitieux : un dossier ‘territoire zéro chômeur’ a été déposé lors du récent appel initié dans le cadre du Plan de relance de la Wallonie. ‘Nous réunissons trente partenaires autour de ce projet supra-communal qui vise à créer 55 emplois dans des filières de services à la collectivité : alimentation, culture, jeunesse, environnement, etc. S’il est accepté, ce projet devrait vraiment être un moteur pour la région et les communes de Comblain, Sprimont et Aywaille, qui comptent près de 15.000 habitants’. Ayant pour but d’offrir un contrat de travail à plus de 1000 personnes sans emploi depuis plus de deux ans, cette nouvelle politique wallonne cofinancée par le Fonds Social Européen + (partie 2 – innovation sociale) représente une manne de 104 millions d’euros sur cinq ans, pour une vingtaine de projets à l’échelle de la Région. A Comblain, on croise donc les doigts, mais certainement pas les bras.
-