Faire de la Wallonie un territoire d’innovation en économie sociale en soutenant la création, le développement et la croissance des entreprises d’économie sociale wallonnes, telle est la vision du gouvernement wallon à l’heure de rendre publique son plan « Alternativ’ES Wallonia », dans les suites de sa Déclaration politique régionale pour la législature 2019-2024.
Avant d’en étudier le contenu, il convient avant tout de se réjouir de ce positionnement résolument encourageant du gouvernement wallon vis-à-vis de l’économie sociale. Un mouvement qui ne cesse de progresser depuis l’adoption du décret wallon relatif à l’ES, en 2008, et qui fait d’autant plus sens en cette année 2020 marquée par la crise sanitaire internationale relative au Covid-19. Il est temps de construire une société plus juste, durable et cohérente, et il semblerait qu’il y ait une certaine volonté des autorités wallonnes d’avancer dans cette direction, même si la progression demeure évidemment complexe et multifactorielle.
Durant la crise, l’économie sociale a une nouvelle fois démontré sa capacité de résilience, grâce notamment à des financements mixtes, une culture d’entreprise qui privilégie l’impact social à la rentabilité pure et dure, des régimes de gouvernance plus participatifs qui tirent leur épingle du jeu grâce à l’intelligence collective, et un ancrage local et durable, tant en matière de production que d’approvisionnement. En ce sens, l’économie sociale constitue aux yeux du gouvernement wallon un levier essentiel pour la relance économique et la création d’emplois durables, utiles et non délocalisables.
Ensemble, transformons l’essai !
Fruit d’un travail de co-construction avec le terrain corrélé à la consultance du bureau Idea Consult, le plan Alternativ’ES Wallonia s’articule autour de trois axes stratégiques, cinq secteurs d’activités prioritaires, et dix mesures transversales.
Les axes stratégiques sont :
– Soutenir l’innovation sociale et faciliter le processus de création d’entreprises d’économie sociale;
– Faciliter le processus de professionnalisation et de changement d’échelle des entreprises d’économie sociale pour renforcer leur impact social;
– Visibiliser et promouvoir les entreprises d’économie sociale.
Quant aux cinq secteurs prioritaires, ils couvrent :
– l’alimentation et les circuits-courts : soutien aux modes de production de qualité et durable ;
– l’énergie : soutien aux énergies vertes et renouvelables ;
– le logement : accès à la propriété et croissance de l’offre de logements sociaux de qualité à loyers réduits pour tous ;
– la culture : valorisation et développement des Comptoirs de Ressources Créatives ;
– la réutilisation des biens et des matières : logique de « zéro déchet » et d’économie circulaire.
Et enfin, voici les dix mesures transversales :
– Soutenir la création, le développement et la croissance des sociétés d’économie sociale et coopérative en Wallonie ;
– Renforcer l’accompagnement, le conseil et le financement aux entreprises d’économie sociale afin de « booster » l’entrepreneuriat social en Wallonie ;
– Stimuler les démarches d’innovation sociale et d’expérimentation en économie sociale afin de répondre aux nouveaux enjeux sociaux et territoriaux ;
– Encourager les entreprises d’économie sociale à s’inscrire dans une démarche de transformation digitale ;
– Promouvoir et visibiliser l’économie sociale et coopérative en Wallonie ;
– Soutenir les entreprises d’économie sociale en tant qu’actrices de la transition ;
– Favoriser les collaborations et les passerelles entre les acteurs de l’économie sociale et ceux de l’économie classique ;
– Créer une culture d’évaluation de l’impact social des entreprises d’économie sociale en Wallonie ;
– Soutenir et renforcer les dispositifs structurels en économie sociale d’insertion ;
– Promouvoir l’internationalisation et le rayonnement de l’économie sociale au-delà de nos frontières.
Nul doute que ces perspectives sont encourageantes pour les acteurs de l’ES, qui voient dans cette démarche une reconnaissance de leurs efforts fournis. Si la ligne de conduite est motivante pour la suite, ces derniers ne manquent néanmoins pas de pointer le manque de vision actuelle des budgets qui seront alloués à ces différents points stratégiques. Aussi, il sera intéressant de découvrir dans les prochains mois le plan d’actions concrètes qui sera mis en place. Quels moyens et quelles actions donc pour faire de la Wallonie un terrain nourricier pour l’économie sociale. Il convient désormais de transformer l’essai, toujours dans un esprit de co-construction avec le terrain, qui se réjouit de voir l’économie sociale poursuivre son essor.
Sources : Gouvernement wallon, ConcertES