Une forme d’entreprise pour faire face à l’instabilité
Instabilité des prix de l’énergie, précarité alimentaire, perte de sens au travail… dans un monde incertain, en 2025, les coopératives apportent des réponses stables, concrètes, locales et collectives à ces défis. Toutes partagent les valeurs de démocratie, de partage et de solidarité. « Ce n’est pas une utopie, c’est un modèle d’entreprise qui fonctionne, les exemples le prouvent. La coopérative est une entreprise au service de l’humain et non du capital. Elle rassemble souvent des citoyens qui ne sont pas satisfaits de l’offre du marché et qui décident de répondre ensemble à leurs besoins, dans le partage et la convivialité », résume Bénédicte Sohet, secrétaire générale de ConcertES.
Dans une coopérative, la démocratie est au centre. Une personne = une voix, quels que soient les montants investis. Le pouvoir n’est donc pas réservé à ceux qui détiennent le capital. « Cela permet d’ancrer la raison d’être du projet, qui est de rendre service à ses membres ou à la collectivité, sans viser le profit à tout prix. Les dividendes sont volontairement limités, pour favoriser le développement et la longévité du projet », explique Jacques Debry, administrateur délégué de l’agence-conseil Febecoop.
En Belgique, on recense 926 coopératives d’économie sociale, gages du respect des valeurs de l’Alliance Coopérative Internationale. Présentent dans l’alimentation, l’énergie, l’agriculture, l’Horeca, la culture… les coopératives proposent un modèle plus résilient. 74 % des coopératives fondées en 2016 ont survécu à leurs 5 premières années. Ce chiffre est supérieur au taux de survie des PME, dont 68,7 % survivent aux cinq premières années (Unizo, UCM & Graydon (2021) Starters Atlas 2021).
Des exemples de Namur à Arlon
À Namur, la coopérative Ethiquable, active dans l’agroalimentaire équitable, est organisée sous forme de coopératives de 11 travailleurs. « Chaque salarié peut devenir coopérateur, assister aux réunions stratégiques et contribuer aux choix d’investissement. Résultat : un taux d’engagement élevé, une gouvernance partagée, et une entreprise qui n’a jamais licencié malgré les crises. Chaque travailleur est propriétaire de l’entreprise, c’est un argument de recrutement », explique son CEO Stephan Vincent.
À Arlon, Vents du Sud, créée en 2012, produit de l’énergie renouvelable avec plus de 1000 coopérateurs citoyens. Une éolienne, des projets hydroélectriques, un accompagnement à la rénovation énergétique : ici, les citoyens décident, investissent, et profitent collectivement de prix stables et transparents, même en période de crise énergétique.
À Bruxelles, le café-brasserie Mazette réunit 860 coopérateurs, dont 50 habitants du quartier et 5 travailleurs qui co-pilotent le projet. Une piste de solution pour réinventer l’Horeca post-Covid. « C’est plus exigeant au quotidien, car cela suppose de créer des espaces de décision, de formation, de médiation. Mais c’est aussi plus enthousiasmant. Notre chiffre d’affaires est d’environ 560 000 euros et 20 personnes travaillent régulièrement chez Mazette », explique Boris Feron, co-fondateur.
À Liège, le supermarché coopératif Oufticoop permet aux citoyens de reprendre la main sur leur alimentation, tout en assurant une rémunération équitable aux producteurs locaux. Les coopérateurs sont clients et travailleurs. Ici, les produits sont choisis collectivement, les décisions sont prises en AG, et chaque membre consacre 3 heures par mois pour faire tourner le magasin. 600 coopérateurs sont membres de Oufticoop, créé en 2019.
Quelques chiffres :
- On recense 926 coopératives d’économie sociale en Belgique
- Selon un récent sondage du CNC (Conseil National de la Coopération), 1 Belge sur 8 est membre d’une coopérative et la moitié des Belges estiment que les coopératives ne sont pas assez visibles.
- Le mouvement coopératif est pourtant loin d’être un phénomène marginal : au moins 12 % de la population mondiale est membre d’une des 3 millions de coopératives existant sur la planète