Bon, on ne va pas se le cacher, pour la plupart d’entre nous, faire ses courses, ce n’est pas forcément l’activité rêvée du samedi matin… alors autant se simplifier la vie. Et là, il faut bien avouer qu’il y a un côté confortable à truster les grandes enseignes qui ont pignon sur rue : Delhaize, Carrefour, Lidl et consœurs. Mise à part la désagréable cohue des heures de pointe, tout est disponible en quantités astronomiques, la variété est foisonnante et les produits sont bien emballés, tout propres, tout beaux, dans des allées de la taille d’une piste d’athlétisme, idéales pour faire swinger votre caddie plein à ras bord. Les enfants raffolent des biscuits en dégustation, les plats du rayon traiteur vous épargnent des heures de cuisine et les promos vous donnent l’impression de chouchouter votre pouvoir d’achat. Il y a même un peu de musique de fond pour vous détendre… elle est pas belle la vie ?
Disons que ça dépend pour qui. Nous, on voit plutôt dans la grande distribution le reflet du capitalisme néolibéral, qui nous a habitués à la culture de la malbouffe pas chère et au moindre effort culinaire. Politique du suremballage, marges aberrantes, pression sur les producteurs, gaspillage à tout-va, transport irrationnel, c’est aussi et surtout ça, la grande distribution. Bref, tout le contraire de ce que prônent les défenseurs d’une alimentation durable, parmi lesquels on compte bon nombre d’entreprises d’économie sociale. Alors plutôt qu’un long discours, on vous propose de faire un petit tour d’horizon de ce qu’elles ont à offrir, et de rappeler, qu’en tant que consom’acteurs, nos choix quotidiens ont un impact sur la chaîne de production de nos aliments.
Le supermarché coopératif, ça change tout !
Ce sont certes des supermarchés, mais ils n’ont pas grand-chose en commun avec la grande distribution. S’inspirant de la Park Slope Food Coop, cette enseigne newyorkaise fondée en 1973, plusieurs supermarchés coopératifs ont récemment vu le jour en Belgique. Tout a commencé à Bruxelles, en 2017, avec Bees Coop, qui compte aujourd’hui plus de 2 500 coopérateurs. Depuis, Coopeco, Vervîcoop et OuftiCoop ont emboîté le pas à Charleroi, Verviers et Liège, témoignant de l’engouement citoyen pour cette forme de supermarché alternatif, plus proche du consommateur et du producteur.
La gestion quotidienne du magasin est en grande partie assurée par la participation active des coopérateurs, qui libèrent chaque mois 3 heures de leurs temps pour s’occuper de différentes tâches telles que la caisse, le réassortiment ou encore les commandes. Un système bon enfant qui créé des liens et qui permet de réduire les coûts salariaux, de manière à privilégier la rémunération juste des producteurs locaux. Une marge fixe de 20 % est appliquée à l’ensemble des produits. En contrepartie de son travail, le coopérateur a accès à des produits sains, pour la plupart bio, et moins chers qu’en grande surface. Ici, pas d’actionnaires à rémunérer, ni de coûts publicitaires à couvrir. On privilégie le vrac aux emballages, de même que les aliments de saison.
Suivant la même logique, on retrouve les épiceries coopératives comme l’Epi, Bloum et Transistore à Bruxelles, ou encore Macavrac à Wavre, WooCoop à Waterloo et Le Chant de la Terre à La Louvière. Avec des spécificités pour chacune d’entre-elles, que ce soit au niveau de leur accessibilité (accès réservé aux membres/coopérateurs ou non) ou du degré de participation exigé.
Quand producteurs et consommateurs s’organisent en circuit court
Vous pouvez aussi vous tourner vers les coopératives de producteurs et de consommateurs. Leur fonctionnement est le suivant : les producteurs déposent leurs récoltes dans des lieux de tri qui sont principalement opérés par des coopérateurs bénévoles. Ces derniers préparent des colis qui sont ensuite distribués dans différents points de dépôts, en ce compris leur propre réseau de magasins, et les épiceries coopératives. Les producteurs voient leur distribution allégée, quant au client, il peut facilement passer commande depuis un e-shop, en fonction des disponibilités de la saison. Parmi les structures existantes, mentionnons les Petits Producteurs à Liège, Paysans Artisans à Namur, Agricovert à Gembloux, Hesbicoop dans la Hesbaye ou Cocoricoop dans le Condroz. Toutes ont pour ambition de privilégier une agriculture locale et respectueuse de la terre, de recréer du lien entre le consommateur et le producteur et de diminuer l’empreinte écologique de la chaîne de production alimentaire.