Changer d’échelle est souvent évoqué comme un défi majeur pour les entreprises d’économie sociale et le secteur dans son ensemble. Parmi les pistes pour favoriser celui-ci et l’émergence d’un autre modèle de société, l’inscription de clauses environnementales, sociales et éthiques (ESE) dans les marchés publics figure comme un incitant de premier choix. Cadré par une directive européenne, cette disposition visant à favoriser l’attribution de marchés de travaux d’ampleur à des entreprises qui visent des buts sociétaux a été transcrite dès 2014 dans une règlementation régionale wallonne, la Région bruxelloise n’en bénéficiant que depuis 2021. Concrètement, le pouvoir adjudicateur réserve alors directement le marché à une entreprise d’économie sociale d’insertion, ou insère une clause sociale de formation à destination de publics peu qualifiés ou de sous-traitance à une ou plusieurs entreprises sociales d’insertion (ETA, CISP, EI) ou une combinaison des deux. Dans ce cas, nous parlons de ‘clauses flexibles’
Facilitateur marchés publics chez SAW-B, Laurent Drousie a pour missions de sensibiliser les entreprises sociales à ces opportunités, mais aussi de prospecter et d’accompagner les pouvoirs adjudicateurs dans leurs démarches. ‘Les clauses sociales représentent actuellement 1% du marché, avec un chiffre d’affaires d’1 million par an jusque 2020. C’est encore peu mais cela évolue dans le bon sens, et les stéréotypes pouvant fragiliser au départ les Acteurs de l’ES sont en fait vite levés à leur contact’. Et pour preuve, le marché LuWA, visant à remplacer l’ensemble du système d’éclairage du réseau routier wallon prioritaire vient en 2021 doubler les 6 millions de chiffre d’affaires cumulé des entreprises sociales, un pari pourtant risqué au départ. ‘En effet, LuWa a mis beaucoup d’ambition et d’attentes sur les opérateurs d’économie sociale. Or, la demande ne rencontre pas toujours l’offre, qui doit aussi se structurer. Les compétences sont là, pas forcément les filières ou les capacités à répondre quantitativement. C’est d’ailleurs aussi notre rôle de facilitateur d’évaluer cela. Dans ce cas-ci, le dialogue a permis de rectifier le tir dans le bon sens’.