Crédal, c’est un des piliers de la finance solidaire belge, qui fête cette année son 35e anniversaire. Constituée en 1984 en réponse notamment au mouvement « Banque-Apartheid », qui dénonce à l’époque les investissements peu éthiques des banques belges en Afrique du Sud et suscite une vaste réflexion sur l’usage de l’épargne, la coopérative à finalité sociale se positionne depuis comme un organisme financier alternatif. Elle rassemble aujourd’hui plus de 3 500 coopérateurs et compte trois types d’activités : le crédit, le placement et l’accompagnement.
Le chaînon manquant
Jusqu’à ce jour, la structure proposait quatre sortes de crédit, allant du crédit aux associations au microcrédit aux particuliers. Une offre récemment renforcée par la signature de la convention de garantie EaSI, destinée à couvrir les opérations de crédits à destination des entreprises sociales, et le partenariat avec la plateforme de crowdfunding Lita.Co, avec laquelle elle échange régulièrement des bonnes pratiques et dont le service est complémentaire au sien. Il ne lui manquait plus qu’un outil pour répondre aux besoins de capital des entreprises, qui ne sont pas couverts par l’offre de crédit. C’est désormais chose faite avec Change – Crédal Social Innovation Fund, dont le développement a été rendu possible grâce à un subside européen, qui finance ses frais de fonctionnement jusqu’en 2020.
Participation de 50 000 à 400 000 €
Change est un fonds d’investissement qui intervient dans des entreprises sociales à hauteur de 50 000 à 400 000 €, quel que soit leur statut juridique,. Le but est avant tout de stimuler leur impact sociétal, tout en s’assurant d’une rentabilité modérée garantissant la pérennité des projets. Change se positionne comme un fonds d’investissement de type « impact first », ce qui signifie que son premier critère d’investissement est l’impact positif que génère l’entreprise, avant sa rentabilité.
De fait, les entreprises doivent être bien établies sur un marché et s’inscrire dans une démarche de durabilité pour en bénéficier. « Le fonds peut par exemple servir à financer un changement d’échelle », précise Anne-Laure, qui sera en charge de l’analyse des dossiers. « L’investissement s’échelonne sur une période de 6 à 10 ans, avec divers scenarii de sortie possibles, comme par exemple le rachat de parts par les entrepreneurs eux-mêmes. », ajoute-t-elle.
Par ailleurs, Change s’engage à ne jamais devenir majoritaire dans l’entreprise, et son rôle au sein du Conseil d’Administration sera entièrement dédié à l’accompagnement, plutôt qu’à une logique de contrôle. « L’idée est de mettre à disposition des entreprises l’étendue des compétences et des services dont nous bénéficions chez Crédal ».
Objectif de 25 projets sur 5 ans
En pratique, deux comités sont mis en place. Le comité d’éligibilité se portera garant du potentiel d’impact et de rentabilité du projet, avant que le dossier ne soit transmis à un comité d’investissement, qui aura pour mission de le valider et de décider des conditions précises d’octroi de l’investissement. Pour assurer une évaluation optimale, ces comités seront composés de représentants du monde du financement, d’entrepreneurs sociaux et de spécialistes en impact sociétal.
Constituée le 15 mai dernier sous forme de coopérative, Change espère récolter trois millions d’euros de fonds d’ici la fin 2020. L’objectif est de soutenir 25 entreprises d’ici 2025.
Plus d’informations sur https://changefund.social/.