L’histoire débute il y a quatre ans avec la création du label et collectif Capitane Records, une évidence pour Nicolas Michaux, artiste belge à sa barre, dont la carrière musicale commence en 1998 au sein du groupe Eté 67 et se poursuit en solo. ‘Auparavant, c’était un peu le règne de la débrouille pour sortir un disque. Chacun d’entre nous frappait à des portes souvent difficiles à ouvrir, sans réel pouvoir de décision. Créer Capitane, c’était une première étape indispensable et libératrice, qui nous a permis de sortir une vingtaine de disques en quatre ans, et d’héberger une quinzaine d’artistes’. Sur son site web, le label affiche déjà une vision claire, teintée d’économie sociale. Ses quelques objectifs : ‘créer de belles choses, avec du temps, de l’indépendance et de la liberté d’esprit ; éviter la précarité en étant un outil d’émancipation pour les membres et partenaires ; participer à l’établissement d’un monde culturel plus uni et plus écologique ; créer des liens sociaux ; expérimenter les différents moyens de production post-capitalistes ; viser tous les jours à appliquer ces objectifs via leur travail ou leurs actions citoyennes’.
Pour aller plus loin et néanmoins sortir d’un Do It Yourself peu rémunérateur, Nicolas et Grégoire Maus interrogent leur représentation de l’entreprise, faisant converger économie sociale et industries culturelles et créatives pour créer une coopérative au service des Music Makers et des Music Lovers. ‘Le DIY a ses limites, qui sont celles de la finance. On trouve bizarrement assez peu d’entreprises d’économie sociale – ou s’affirmant comme tel – dans le champ de la culture. Notre objectif est de construire un modèle où chacun s’y retrouve, basé sur la mutualisation d’outils. Les modèles de diffusion et commercialisation actuels dans le secteur de la musique font disparaître les petits acteurs et précarisent les moyens au profit des plus gros et de trois majors : Warner, Sony et Universal. Le revenu sur un stream est dérisoire (NDLR : Spotify paie en moyenne 0,004$ par lecture – source), dans un rapport à la consommation qui s’est complètement digitalisé. Les artistes ramassent les miettes d’une chaîne d’intermédiaires, alors que ce sont eux les producteurs de contenu’.