Un modèle qui s’essouffle
Selon la société Gondola business club, magazine et consultance du retail belge, le modèle des grands hypermarchés est devenu obsolète. Pour quelles raisons ? Les causes sont à chercher du côté du dumping commercial venant notamment d’Asie, du hard-discount, du développement effréné de la vente en ligne et de la restauration rapide, qui se font une guerre de concurrence toujours plus agressive basée sur le plus petit commun dénominateur de prix…et parfois aussi de qualité. Les répercussions sont directes et toujours plus importantes sur les emplois, la santé et les ressources naturelles et énergétiques. Le système de l’hyperconsommation se mord la queue et entraîne avec lui toujours davantage de casse sociale, sanitaire et environnementale. A part pour les spéculateurs et l’actionnariat de ces enseignes, la guerre des prix sur l’alimentation n’est profitable à personne. Les paysan·ne·s , aussi bien en Belgique que dans les pays du Sud, en font aussi les frais et l’ont parfaitement exprimé lors de leurs mobilisations massives en 2024.
Travailler et consommer en promouvant les valeurs humaines
Les commerces alimentaires alternatifs et de proximité se fondent sur un modèle durable axé prioritairement sur l’humain : prix fixés en concertation avec les producteurs·rices, peu ou pas d’intermédiaires, produits respectueux de la santé et de l’environnement, etc. Une solution durable face à ce type de situation dans laquelle des multinationales, à bout de souffle, décident de changer leur stratégie en licenciant du jour au lendemain des milliers de personnes. Selon le baromètre Circuits courts 2024 de Wallonie Entreprendre, un emploi créé dans le circuit court va générer 3 emplois en parallèle, notamment dans les domaines de la logistique, production, transformation et distribution, et ce, renforçant l’économie locale. Certes les commerces alternatifs à la grande distribution ne seront pas capables d’absorber 1800 emplois en un coup. Mais une réflexion de fond est à mener urgemment sur ce modèle dominant, au niveau politique, mais aussi comment les citoyen·ne·s peuvent contribuer à créer un nouveau système par leurs choix de consommation. Le « pouvoir d’achat » est un réel pouvoir, un acte politique : soutenir un commerce qui valorise le circuit court, les démarches équitables, l’alimentation et l’agriculture de qualité, est un investissement pour la société, l’économie locale, la santé et l’environnement. Car les alternatives à la grande distribution placent l’humain avant le profit, contribuent à créer des emplois durables, et respectent les valeurs d’éthique, de respect et de transparence.
Changer de regard
Dans ce contexte social morose, le message porté par la campagne du « Mois sans supermarché » n’est pas d’inciter au boycott de l’une ou l’autre grande enseigne, ou de culpabiliser les consommateurs·rices face aux réalités du quotidien. Il est bien dans le fait d’inviter à nous interroger sur nos pratiques et à porter un nouveau regard sur les choses : pousser la porte d’une épicerie alternative ou du magasin à la ferme, valoriser le commerce équitable, rencontrer les femmes et les hommes qui sont à la source même de notre nourriture, s’émerveiller de la qualité et du goût de certains produits, ou encore créer de nouveaux projets entrepreneuriaux alternatifs… Là se trouve une partie de la solution pour tendre vers une société durable et plus respectueuse de l’humain.