En Belgique, près d’un million de familles ont recours au travail des aide-ménagères, qui sont un des piliers de leur équilibre. Ces « femmes de ménage », comme on le dit encore si souvent, sont plus de 160 000. En 2004, elles sont sorties du travail au noir grâce à l’instauration du système de titres-services, qui est aujourd’hui le deuxième secteur économique après celui de la construction. Cela leur a permis de bénéficier des droits sociaux liés au contrat de travail, comme les allocations de chômage, la sécurité sociale ou encore la cotisation pour la pension. Une avancée majeure dans l’amélioration de leur qualité de vie, mais qui n’a pas suffi à leur garantir des conditions de travail toujours décentes.
Touchées par un témoignage, Gaëlle Hardy et Agnès Lejeune ont décidé de rendre hommage à ces femmes. C’est ainsi que nous avons découvert « Au bonheur des dames ? » en avant-première au cinéma Vendôme à Bruxelles. Un documentaire touchant qui invite élégamment à la réflexion.
Un métier difficile
Rapport de force inégal avec les clients et les employeurs, rémunération d’à peine 1 300 € net par mois pour un temps plein, maladies et incapacités de travail non reconnues par la sécurité sociale, propos racistes, harcèlement, mépris, cadences de travail intenables… le métier d’aide-ménagère est rude. Un chiffre suffit à s’en rendre compte : le secteur des titres-services affiche un taux d’absentéisme record de 30 %. Les anti-inflammatoires sont parfois consommés quotidiennement pour soulager des tendinites chroniques et autres douleurs cervicales, et les opérations du canal carpien sont légion. Pour éviter de se blesser, il faut peser chacun de ses mouvements, sous peine d’être « cassée » bien avant la cinquantaine, lorsqu’il reste encore 15 ans « à tirer » et que les possibilités de changer de carrière se résument au néant.
De nombreuses mamans ont choisi ce métier pour ses horaires de travail flexibles, ce qui leur permet de mieux subvenir aux besoins de leurs enfants. Certaines l’ont choisi pour ne pas devoir travailler dans un bureau, ou tout simplement parce qu’elles l’apprécient et s’y épanouissent. Bien plus souvent, elles se sont tournées vers ce travail par obligation ou par dépit, parce qu’il faut bien gagner sa vie, et qu’il n’est pas aisé de trouver un emploi quand on a pas eu la chance de faire des études. « Si tu n’aimes pas ce métier, il faut tout de suite passer à autre chose, sinon tu seras malheureuse toute ta vie », met pourtant en garde Rosalie.