Elles sont quelques-unes à se faire un nom dans un paysage brassicole belge incroyablement riche. S’il est bien sûr avant tout question de goût, elles se distinguent des autres par leur mode organisationnel et le choix de la coopérative comme forme d’entreprise. Il n’est certes pas la solution miracle, comme en témoigne la très récente ouverture de faillite de la Brasserie du Renard (Grez-Doiceau), mais offre néanmoins d’autres perspectives, comme l’évoque la Brasserie de la Lesse (Éprave) : ‘Nous sortons de deux années chahutées’ confirme Julien, directeur de la propagande. ‘Il y a bien sûr eu la période covid, l’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières, et nous avons également été touchés par les inondations de juillet 2021… mais la coopérative propose clairement un modèle plus résistant et plus souple, et fait vivre des valeurs qui ont aussi un retour économique positif’.
Pas besoin de prêt bancaire du côté de Rochefort : les 480 coopérateurs ont amené le capital nécessaire aux investissements et des perspectives HORECA sur le site signifient la communication d’un nouvel appel public à l’épargne sous peu. Moins de pression (sur la trésorerie) et une entreprise plus liquide comptablement, un comble pour une brasserie. ‘Ce n’est pas tout : les partenariats que nous tissons avec nos fournisseurs, axés sur le prix juste et le circuit court, nous permettent d’éviter les fluctuations du marché et d’avancer en terrain connu. C’est par exemple le cas de la fourniture d’électricité par Cociter. Et nous ne dépendons pas de l’export pour nos ventes : tout se fait en local’. Face à un marché saturé, la Brasserie de la Lesse s’en sort bien, avec près de 2000 hectolitres de production annuelle. Là comme ailleurs, la diversification des canaux de vente revêt son importance, entre vente en direct, drinks (ceux qu’on appelle erronément ‘brasseurs’) à la marge (trop) importante, grossistes pour magasins bios (dont Paysans-Artisans et Réseau-Paysan), et les nombreux événements de l’été.