Il suffit de surfer quelques minutes sur internet pour comprendre que la slow fashion, ou la mode éthique, c’est selon, a le vent en poupe. Des marques à étiquettes responsables fleurissent aux quatre coins du globe et des dizaines de blogs, applications et autres articles de presse en vantent les mérites, sans nécessairement prendre la peine de vérifier les pratiques derrière des discours flatteurs. Dans la peau du consom’acteur, pas facile de s’y retrouver dans cette manne d’informations. Quoi de plus naturel donc que de faire appel à des spécialistes pour nous aider à y voir plus clair. En l’occurrence, nous avons rencontré Lucie et Adeline, qui sont à la barre de WeCo Store, un projet coopératif de boutique de vêtements éthiques qui verra très prochainement le jour à Bruxelles.
La slow fashion : késako ?
Qu’on se le dise, la slow fashion n’est pas un concept très ancien et a réellement pris de l’envergure au lendemain de l’effondrement du Rana Plaza en 2013. « Le Rana Plaza, c’est l’élément déclencheur. Il a initié plusieurs mouvements, dont Fashion Revolution, et a amorcé une réelle prise de conscience. La mort de plus de 1 100 personnes, c’était difficile à étouffer. Il y a des magasins éthiques qui existaient depuis longtemps, mais c’est à ce moment-là qu’on a commencé à les médiatiser », nous expliquent nos deux interlocutrices. La catastrophe lève le voile sur les innombrables défaillances d’une industrie du textile qui a fait progressivement fi de toute morale pour plonger tête baissée dans la consommation à outrance.
Bien qu’il n’existe pas encore de définition officielle de la slow fashion, il y a deux caractéristiques qui semblent faire l’unanimité. La première est le fait de prendre à contrepied la fast fashion. C’est un peu comme si on avait décortiqué son modèle, pour se diriger dans le sens tout à fait opposé : pas de production effrénée à flux tendus ; une écoconception qui évite les produits chimiques ; un design sobre et intemporel pour contourner les rotations de stocks dues aux phénomènes de mode ; une production la plus locale, transparente et circulaire possible et, bien entendu, des conditions de travail dignes sur l’ensemble de la chaîne de production.