Initiée il y a déjà près de trois ans par un collectif d’urbanistes, de chercheurs et de développeurs, Fairbnb a pour ambition de créer une alternative durable au modèle de pseudo économie collaborative qui a fait la fortune d’Airbnb dans la location d’habitations depuis ses débuts en 2007. Après des mois de développement et de levée de fonds, bonne nouvelle, la plateforme coopérative va faire ses grands débuts dans les semaines à venir. Il est prévu que son service s’active dans un premier temps dans une poignée de villes « pilotes » (Venise, Bologne, Gênes, Barcelone, Amsterdam et Valence), avant de s’étendre à un périmètre plus large.
En quoi est-ce une alternative éthique ?
Si son implantation mondiale, sa facilité d’utilisation et ses tarifs alléchants font de l’œil à l’homo economicus, Airbnb n’en demeure pas moins un géant de l’économie collaborative de marché, entièrement dédié à l’accumulation de profit, au même titre qu’Uber et Deliveroo. Le problème est que derrière l’augmentation fictive de votre pouvoir d’achat, ces plateformes détricotent petit à petit nos acquis sociaux sur le marché du travail, refusant d’assumer les responsabilités qui découlent du lien de subordination entre la plateforme et le travailleur. Un lien de subordination pourtant évident, qui pousse en ce moment des centaines de livreurs Deliveroo à se mobiliser partout en Europe pour faire valoir leurs droits. Une réalité qui incombe principalement à la pression des investisseurs, à la recherche d’un rendement optimal. Ceux-ci encouragent une compression des charges patronales en abusant du statut de travailleur indépendant.
Désireux de s’affranchir de cette pression extérieure, les fondateurs de Fairbnb ont choisi le modèle coopératif italien pour assurer leur indépendance et créer des emplois durables. Les propriétaires de la coopérative seront ses bénéficiaires, et la redistribution des dividendes sera limitée à 6 %, comme c’est le cas pour les coopératives à finalité sociale belges. Qui plus est, le modèle coopératif encourage la gouvernance participative et la co-construction avec les acteurs locaux. Ainsi, la moitié des commissions perçues par la plateforme (15 %) sera reversée à des projets communautaires, que ce soit la construction de logements sociaux ou l’aménagement d’espaces verts. Quant à l’organisation de la coopérative, elle est collectivement assurée par un réseau de communautés locales interconnectées. Le principe est que chaque ville développe sa propre communauté. L’objectif est d’atteindre 150 destinations dans les 15 prochains mois.